Interview – Sophie Breton, directeur général Hager France

L’année 2016 a été meilleure que 2015 et tous les indicateurs sont au vert pour la suite.

Sentez-vous que la loi sur la transition énergétique et ses décrets d’application qui entrent progressivement en vigueur poussent le marché de la performance énergétique dans le bon sens et stimulent-ils le marché ?

SB – Cette loi est très importante de par son contenu et met sur la table des enjeux que la filière du bâtiment devra nécessairement prendre en compte. Mais le marché a besoin d’un peu de temps pour digérer les annonces qui ont pu être faites. Les décrets d’application de la loi sur la transition énergétique commencent progressivement à arriver et il faudra un peu de temps au marché pour les intégrer. Il est donc encore trop tôt pour mesurer les effets de cette loi sur le marché.

Quelles sont selon-vous les étapes incontournables à franchir avant que le parc français n’atteigne un niveau de performance satisfaisant ?

SB – Spontanément, le premier point qui me vient à l’esprit est l’incitation fiscale. C’est ce qui nourrit la France et constitue des leviers importants de création de valeur pour une entreprise comme Hager. Par exemple, le maintien du crédit d’impôt recherche (CIR) est une bonne chose pour nous, car la R&D constitue une part importante de notre chiffre d’affaires, de l’ordre de 7 %. En plus de l’incitation fiscale, je mentionnerai une nouvelle fois le partage d’information entre les différents acteurs et la pédagogie, points clés à mes yeux. Il me semble en revanche que la mise en place d’une juridiction trop contraignante et basée sur les pénalités ne ferait que permettre à certains acteurs de créer des solutions de contournement ou à d’autres de voir leurs coûts de construction s’envoler.

En tant que présidente d’Ignes et directrice générale d’Hager France, quel est votre point de vue sur la santé de la filière ?

SB – Avant tout, il est important de noter qu’Ignes est influencé par les chiffres du marché résidentiel. Mais globalement, l’année 2016 a été meilleure que 2015 et tous les indicateurs sont au vert pour la suite : le nombre de permis de construire délivrés augmente, tout comme les transactions dans l’ancien, le moral des ménages est au beau fixe, les taux bancaires sont en hausse mais ce point n’est pas très inquiétant, de gros gisements s’offrent à nous comme l’efficacité énergétique, la digitalisation, la sécurité… Tous les éléments sont donc réunis pour la reprise, mais il ne faut pas oublier une chose : le lien très fort avec l’actualité politique. L’élection présidentielle à venir pourrait geler la reprise, en créant un haut niveau d’incertitudes. Il faudra donc laisser passer cette échéance avant de pouvoir s’appuyer sur des tendances plus durables.

Quelles seront selon-vous les grandes tendances et les nouveautés dans les domaines de l’efficacité énergétique et du bâtiment pour cette année 2017 ?

SB – De plus en plus de sujets liés au bâtiment touchent à l’usage, ce qui est un atout pour pouvoir communiquer auprès de nos clients. Dans le résidentiel, les offres deviennent multi-canal et les circuits commerciaux changent : c’est de plus en plus le besoin du grand public qui tire le besoin professionnel et cette tendance ne devrait pas faiblir. Sur notre marché, il n’y a pas à mon sens de problèmes d’offres, mais des difficultés d’interopérabilité, d’évolutivité et de sécurité qu’il est nécessaire de prendre en compte et de traiter. Sur l’interopérabilité, il faudra faire des efforts pour faciliter la communication entre les différents protocoles. Sur la sécurité, il sera nécessaire de renforcer les systèmes de protection pour renforcer la confiance des utilisateurs finaux.

Depuis que vous évoluez au sein de la filière électrique, avez-vous constaté une féminisation des postes techniques et de direction ?

SB – J’exerce depuis 25 ans au sein de cette filière et j’ai remarqué de petites évolutions, mais qui ne sont absolument pas significatives. La première raison est qu’il n’y a pas d’évolution significative du nombre de femmes dans les écoles d’ingénieurs, comme ça a été le cas dans les cursus médicaux par exemple. Je suis en revanche persuadée que ce changement va progressivement s’opérer pour une raison simple : le marketing va occuper une place de plus en plus importante, en suivant au plus près les besoins des consommateurs. Le jour où le marketing occupera une place centrale, vous verrez arriver des femmes à des postes de direction au sein des grands groupes de la filière.

 

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