Dossier : rénovation de l’éclairage dans le tertiaire

© RZB. Photo Caroline Ferraud, Bureaux d’Ixapack (Mauléon, Deux-Sèvres) ­ Solution éclairage : RZB ­ Maître d’œuvre : Rexel Rénovation
© RZB. Photo Caroline Ferraud, Bureaux d’Ixapack (Mauléon, Deux-Sèvres) ­ Solution éclairage : RZB ­ Maître d’œuvre : Rexel

Lumières N°26 – Dossier « Rénovation de l’éclairage dans le tertiaire » – Extraits : Interview de Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage – Exemple Sylvania : École supérieure de commerce d’Amiens – Lionel Witkowski, PDG de Trilux France, fait le point sur le « Human Centric Lighting ».

Pourquoi rénover ? Dans l’interview qui suit, Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage, répond par une autre question : pourquoi dépenser plus ? En effet, avant même d’aborder les textes réglementaires ou les notions de confort, voire de bien-être, considérons les économies d’énergie que des éclairages performants et efficaces peuvent générer. Remplacer le matériel existant, installé depuis deux ou trois décennies, est presque un jeu d’enfant désormais avec des solutions LED qui se positionnent en lieu et place des anciens appareils. Outre le fait qu’elles offrent des possibilités de gestion multiples – détection de présence et luminosité, maintien du flux lumineux, variation de la température de couleur –, elles procurent une meilleure qualité de lumière avec des efficacités lumineuses élevées, des optiques adaptées et des commandes qui permettent de moduler l’éclairage selon les besoins de chacun.

POURQUOI CONTINUER À DÉPENSER PLUS ?

Le Syndicat de l’éclairage rassemble les fabricants de lampes, de matériels d’éclairage pour l’intérieur et l’extérieur, luminaires, candélabres, auxiliaires électriques et électroniques, systèmes de commande et de gestion de l’éclairage et services associés. Il compte actuellement 51 adhérents et autant d’unités de production sont présentes sur tout le territoire, soit 7 000 salariés. Lionel Brunet expose les enjeux liés à la rénovation, qu’ils relèvent de l’efficacité énergétique, de la santé publique, de la productivité mais aussi de l’attractivité de l’entreprise.

Lionel BRUNET,
délégué général du Syndicat de l’éclairage.
© Corinne Delvallée

Pourquoi est-il urgent de rénover les installations d’éclairage dans le tertiaire ?
Lionel Brunet – L’étude réalisée par le CEREN en 2017 a montré que plus de 50 % des installations du tertiaire avaient plus de 30 ans. Elles sont équipées de tubes fluorescents T8 très coûteux en termes de consommation et de maintenance. Or, aujourd’hui, il existe des solutions à la fois plus économiques en matière d’efficacité énergétique, grâce à la LED qui consomme très peu, plus modulables également, et avec une durée de vie permettant un rallongement des intervalles d’intervention de maintenance et de changement des sources lumineuses. Alors pourquoi continuer à dépenser plus ? Le tertiaire touche principalement le monde du travail et le bien-être des salariés ; il s’articule autour des notions de confort et de santé qui devraient représenter la première préoccupation des chefs d’entreprise avec  obligation de résultat. Le Code du travail précise bien que les salariés doivent bénéficier d’un accès à la lumière naturelle complétée par un éclairage artificiel dès que celle-ci devient insuffisante. L’acte de rénover n’est certes pas une obligation en soi, la décision appartient au chef d’entreprise, mais quel que soit le local, le respect de l’arrêté du 22 mars 2017 (modifiant l’arrêté du 3 mai 2007) relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des bâtiments existants, en revanche, impose l’objectif de 1,6 W/m² et, par tranche d’éclairement moyen à maintenir, de 100 lux. On voit bien que ces exigences d’efficacité énergétique demandées par le législateur s’articulent aussi autour des quantités d’éclairage nécessaires pour assurer des conditions de travail optimales, mais pas seulement ; la qualité de lumière joue un rôle primordial pour le bien-être au travail.

À quels critères doit répondre un éclairage de qualité dans le tertiaire ?
Il est difficile de définir cette qualité de lumière, car nous sommes loin d’être égaux devant nos besoins : en effet, nos préférences diffèrent selon l’âge, la génétique, la culture, et selon la tâche. Donc cette adaptabilité instantanée de la lumière est essentielle car aujourd’hui, les salariés sont multi-activités, se déplacent, et doivent pouvoir « emporter » avec eux les paramètres de confort sans devoir sans cesse procéder à des réglages. Et c’est le cas avec les capteurs sensoriels qui permettent d’adapter la lumière et d’offrir un éclairage intelligent grâce à une connectivité qui ajuste les caractéristiques de l’installation aux besoins des occupants via leurs smartphones, par exemple. Il devient facile désormais de faire varier l’intensité, la température de couleur et donc d’améliorer leur bien-être dans le respect du cycle biologique. Des études ont déjà démontré que de tels dispositifs, à l’école ou au travail, réduisaient la fatigue et augmentaient les performances notamment cognitives. La technologie existe, les solutions sont multiples dans des conditions d’exploitation rentables, efficaces et durables en optant pour la LED, notamment.

Pourquoi accuse-t-on encore ce retard dans la rénovation de l’éclairage ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer la lenteur du changement. Tout d’abord, la LED est encore méconnue et on reste enfermé dans des modèles cartésiens anciens, en résistant aux nouvelles technologies. C’est pour cette raison que le Syndicat de l’éclairage a récemment publié une charte LED à laquelle nos adhérents se conforment pour garantir un éclairage artificiel de qualité. Le manque de formation représente aussi un frein, et l’éclairage artificiel est perçu comme une contrainte et non comme une opportunité. Enfin, on constate que, sur le plan de la santé publique, la qualité de l’éclairage ne mobilise pas autant les pouvoirs publics que la qualité de l’air, par exemple, alors que la lumière va impacter aussi bien l’efficacité énergétique que la performance des salariés et leur confort. Les maîtres d’ouvrage et les exploitants commencent cependant à prendre conscience des atouts d’un éclairage de qualité, tant en ce qui concerne les consommations que son pouvoir d’attractivité devient possible d’éclairer tout un bâtiment et d’obtenir des réalisations spectaculaires tout en réduisant la facture énergétique : prenons juste l’exemple des gares dont les exploitants ont bien pris la mesure de la valeur ajoutée par l’éclairage. Les outils existent, les produits sont matures, la qualité est au rendez-vous, les paramètres modulables s’ajustent aux différents usages tout en apportant la garantie de la tenue des performances dans le temps. Alors pourquoi continuer à dépenser plus et éclairer moins (bien) ?

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SYLVANIA  – OPÉRATION RÉNOVATION : 70 % D’ÉCONOMIE

© Sylvania

École supérieure de commerce d’Amiens
« La rénovation concernait tous les locaux (salles de cours, bureaux, circulations) de l’école, explique Romain Viry, chef de produits pour solutions bureaux et tertiaire et gestion de l’éclairage, Sylvania. Nous avons réalisé un audit portant sur 696 points lumineux (lampes ou luminaires) avec un remplacement optimisé par 614 points lumineux (soit moins de 12 %). »
L’existant comportait des appareils équipés de sources halogènes ou T8 qui ont été remplacés par des pavés LED Start Panel Flat, des SylLighter et des luminaires LED Insaver à détection de présence. L’ajout d’un système de gestion d’éclairage intelligent intégré dans certains luminaires a permis de réaliser (à travers les luminaires Rana associés au système SylSmart Connected Building de détection de présence et de prise en compte de l’apport de lumière naturelle sur 15 % de l’installation) jusqu’à 70 % d’économies supplémentaires sur la solution proposée. Le temps de fonctionnement annuel varie de 920 à 2 875 heures (selon les zones) ; le coût d’électricité moyen est de 0,13 €/kWh, avec une augmentation de 1 % par an.
Les coûts opérationnels actuels se composent d’une partie liée à la consommation énergétique (16 430 €/an), et d’une partie maintenance (7 117 €/an) correspondant aux ressources allouées pour maintenir l’éclairage dans les espaces audités sans oublier le coût des sources à remplacer.

« L’économie annuelle est estimée
à 18 729 € par rapport
à la situation existante. »

Romain Viry

Le coût d’exploitation cumulé a été évalué sur les dix prochaines années pour la solution existante et la solution proposée. En optant pour la solution proposée, les économies sur 10 ans s’élèvent à 135 203 €. La solution LOGIC permet de lisser l’investissement initial sur les 3,08 ans.

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TRILUX AU CŒUR DE L’ÉCLAIRAGE BIODYNAMIQUE

Lionel Witkowski, PDG de Trilux France

Lionel Witkowski, PDG de Trilux France et président de la commission éclairage intérieur du Syndicat de l’éclairage  explique comment la lumière agit sur les phases de veille et de sommeil, entretenant ainsi le rythme circadien : la phase active démarre dès que le jour se lève et la phase de repos dès que la nuit tombe.

« Il est donc essentiel que l’éclairage s’oriente sur le modèle de la lumière naturelle et de ses modifications, en jouant notamment sur la température de couleur. Cette approche dite « Human Centric Lighting » (HCL) dépasse la conception traditionnelle basée sur de purs critères d’éclairage et d’efficacité énergétique en s’attachant davantage aux effets de la lumière sur le bien-être et la santé de l’homme. L’éclairage joue donc un rôle primordial avec, à la clé, l’amélioration de la concentration, de la créativité et de la performance grâce à l’équilibre entre les effets stimulants et apaisants de la lumière. On sous-estime encore les bénéfices du HCL, c’est la découverte, en 1990, d’un troisième type de récepteur dans notre perception visuelle qui est à l’origine de l’éclairage biodynamique. Plus récemment, le prix Nobel a été attribué en 2017 à trois Américains pour leurs travaux sur les mécanismes moléculaires qui règlent le rythme circadien. Dans ce contexte, nous avons développé des solutions qui apportent bien-être et individualité sans négliger pour autant la qualité intrinsèque de l’éclairage (contrôle de l’éblouissement, niveau d’éclairement, IRC, luminances, etc.). Cela demeure le prérequis avant d’ajouter la touche d’éclairage biodynamique.

© Trilux
© Trilux

Les rénovations dans les bureaux entraînent souvent l’introduction de l’asservissement automatique de l’éclairage. Ce qui, en soi, constitue un bon réflexe, mais prive l’utilisateur de cette individualité que j’évoquais. Pour cette raison, nous veillons à ce qu’un point de commande soit disponible afin de “laisser la main” à l’usager. C’est ce que nous proposons par exemple avec le luminaire Bicult, qui éclaire simultanément le poste de travail et tout l’environnement de bureau, et l’appli du même nom qui permet de régler, avec un smartphone, la température de couleur et l’intensité lumineuse, ainsi que la sensibilité et la portée du capteur de lumière du jour et détecteur de présence selon les préférences de chacun ou de créer jusqu’à six scènes lumineuses dont quatre sont définies par défaut. Ces innovations créent une certaine dynamique sur le marché, mais aussi une certaine incertitude chez les investisseurs. De ce fait, je pense que le marché de l’éclairage s’oriente à grands pas vers de la location de matériel d’éclairage. On peut imaginer à moyen terme la généralisation de cette démarche, avec un marché de l’occasion qui peut se développer grâce à la durabilité des produits et à l’intelligence de la lumière. »

 

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