Tours : l’attractivité par la lumière

Tours
© Antoine Monié Photographie, Maîtrise d’ouvrage : Ville de Tours – Concepteur lumière : Lyum – Programmation : Lumières Utiles – Solutions éclairage : Derksen, Martin, Philips, Prolight, Starway, TMC Installation Citeos, Bouygues E&S

Sylvain Bigot signe là son premier plan lumière pour la ville de Tours, où il opère depuis 2005 avec son agence Neo Light, devenue aujourd’hui Lyum. Dotée d’un patrimoine architectural exceptionnel, la ville souhaite développer son attractivité en mettant en valeur ses plus beaux sites et monuments. Sylvain Bigot gagne l’appel d’offres et propose quatre parcours lumière dans le centre historique de la ville.

Tours est une commune de 136 500 habitants construite sur les rives de la Loire et du Cher, chef-lieu du département d’Indre-et-Loire. Ancienne Caesarodunum, cité des Turones fondée par Auguste, capitale de la IIIe Lyonnaise avec un des plus grands amphithéâtres de l’Empire romain, la ville garde un centre historique inscrit à l’Unesco ; elle a également obtenu le label Ville d’art et d’histoire avec son Vieux-Tours, classé Site patrimonial remarquable. Le Secteur sauvegardé de Tours, créé en 1973 et révisé en 2013, s’étend du Vieux-Tours au quartier de la cathédrale. Il se déploie aujourd’hui sur 150 hectares, faisant de lui l’un des plus vastes Secteurs sauvegardés de France, en reconnaissant la qualité du site du point de vue historique, architectural, archéologique, artistique ou paysager, et justifiant sa conservation, réhabilitation et mise en valeur dans l’intérêt public.

Depuis la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (dite LCAP) de 2016, les Secteurs sauvegardés sont appelés Sites patrimoniaux remarquables. C’est précisément en 2016 que Sylvain Bigot de chez Lyum définit les parcours lumière au cœur du Vieux-Tours, dit « la Martinopole », avec notamment la basilique Saint-Martin construite au XIXe siècle, la place Plumereau, la place Châteauneuf où l’on peut encore admirer la tour Charlemagne et la tour de l’Horloge, le jardin Saint-Pierre-le-Puellier. Le parcours lumière relie tous ces sites sur 1,1 km.

© Antoine Monié Photographie

Pas de valorisation sans rénovation
« Dans le cadre d’un projet de valorisation du patrimoine, nous intervenons sur des sites classés avec des contraintes sévères concernant l’installation et le design des appareils, explique le concepteur lumière. De plus, il nous faut toujours prendre en compte l’éclairage afin d’éviter des interactions regrettables avec les mises en lumière. Dans le cas de Tours, nous avons proposé à la Ville de rénover l’éclairage public des sites concernés. » Ainsi l’agence a-t-elle développé un nouveau système qui comprend un mât, console qui intègre une lanterne et une réglette LED à changement de couleur dirigée vers le sol et un plot de balisage coloré. Le tout s’accompagne d’enceintes qui ponctuent le parcours. « Nous avons éclairé les bâtiments publics que j’évoquais, mais également les bâtiments privés (maisons à colombages, façades en pierre de taille, etc.), ce qui fait environ 800 points lumineux dédiés au patrimoine et 300 (comprenant lanternes, réglettes et plots) installés sur 1,1 km. La particularité de ce parcours réside aussi dans la projection de gobos fixes pour faire du geocaching (chasse au trésor avec smartphone) », ajoute Sylvain Bigot. Les gobos projettent des détails architecturaux sur les façades. L’installation a été réalisée par courant porteur, utilisant le même câblage que l’éclairage public, évitant ainsi d’intervenir sur la voirie. « Pour ce faire, nous avons fait appel à la CityBox de Bouygues Energies & Services pour piloter tous les projecteurs dynamiques, le balisage et la sonorisation. »

Scénarisation dynamique

© Antoine Monié Photographie - Concepteur lumière : Lyum - Programmation : Lumières Utiles
© Antoine Monié Photographie – Concepteur lumière : Lyum – Programmation : Lumières Utiles

Ajoutés à cela, des projecteurs aux multiples effets ont été mis en œuvre afin de réaliser des scénographies sur les façades. « Nous avons proposé une douzaine de scénarios, détaille le concepteur lumière, programmés à l’année sur la ville de Tours. Par exemple des scénarios fixes blancs pour la semaine et dynamiques pour les week-ends, colorés et sonorisés pour différentes fêtes (14-Juillet, Nuit des musées, Noël, etc.). Je pense qu’il s’agit là d’une première en France, qui met en œuvre un système aussi complexe qui associe autant de technologies. Pour contrôler l’ensemble, nous avons mis en réseau plusieurs systèmes Pharos via des cartes 4G, car certains sites étaient assez éloignés les uns des autres, et avons pu ainsi synchroniser les changements de couleur, le son, les projections de gobos et la vidéo. »

Sur la place Plumereau, l’architecte des bâtiments de France avait donné des consignes très strictes, avec interdiction de poser un seul projecteur au sol ou sur les façades des maisons à colombages.

Dans ce contexte, Sylvain Bigot a eu l’idée de créer une vidéoprojection disposée sur un mât positionné de l’autre côté de la place, pour simuler l’éclairage et occasionnellement pour faire du mapping. Deux vidéos ont ainsi été créées. La deuxième tranche de travaux (en cours actuellement), dit « parcours Balzac » (sur l’est de la ville), concerne les monuments importants : l’hôtel de ville, le Grand Théâtre, la bibliothèque municipale, la rue Nationale (ancienne rue Royale), la place Jean-Jaurès, le palais de justice, la cathédrale Saint-Gatien. Cette fois, le fil d’Arianne ne reposera pas sur l’éclairage public mais sera constitué de projections de portraits de Balzac (né à Tours en 1799) ou de lieux qu’il a habités ou fréquentés dans sa vie ou ses œuvres. La tranche 3 consistera à mettre en lumière cinq ponts de la ville qui franchissent la Loire. Le parcours 4 n’a pas été retenu pour l’instant pour des raisons budgétaires : il doit éclairer les vestiges gallo-romains.

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