Alice Gevaert, dirigeante de Reseelec

Créé en 1976 par les parents d’Alice Gevaert, Reseelec est spécialisé dans les réseaux électriques, l’éclairage public, les illuminations de Noël, la viabilisation de lots, les IRVE et la fibre optique. En lien avec ses 34 employés, électriciens pour la majorité, Alice Gevaert témoigne de l’évolution du métier, notamment avec le déploiement d’offres à haute valeur ajoutée et la digitalisation.

De quelle manière avez-vous vu le métier d’installateur évoluer ces dernières années ?
Alice Gevaert –
Nous travaillons avec les promoteurs, les collectivités et les grands donneurs d’ordre, notamment Enedis pour le réseau électrique et Axione pour la fibre optique. Lorsque j’ai démarré dans la profession, nos interlocuteurs étaient nos clients. Aujourd’hui, nous travaillons avec les donneurs d’ordre comme Enedis, et ce sont eux qui traitent avec les clients. Cela complexifie les choses en termes de gestion. En effet, Enedis fonctionne par territoire et si un de nos clients est sur un autre territoire, alors nous ne pouvons pas nous charger du chantier dans sa globalité car nous ne sommes pas répertoriés comme sous-traitants d’Enedis sur le territoire donné. Autre sujet, les formations qui ont beaucoup évolué depuis quelques années. Il y a environ quatre ans, le schéma de formation a été totalement refondu et il a fallu remettre toutes nos équipes à niveau. Aujourd’hui, de plus en plus de formations sont obligatoires et le cadre se durcit.

Avec l’arrivée de produits et d’offres de plus en plus connectés, la question des compétences et de leur mise à jour se pose plus que jamais. Quel est, selon vous, l’impact des formations et qualifications sur le déploiement d’offres connectées et à haute performance énergétique ?
Alice Gevaert – Le déploiement de ces offres à haute valeur ajoutée ne dépend pas forcément de la formation, mais de la volonté des clients. Par exemple, pour les installations d’éclairage public connectées, la différence de coût avec une installation classique est importante. La formation se fait une fois la demande formulée et surtout pas avant, car le cadre risque d’évoluer rapidement et la formation sera alors obsolète. D’autre part, chaque fabricant innove en R&D et les formations pour les nouvelles offres évoluent à peu près une fois par an. Pour les infrastructures de recharge de véhicules électriques notamment, chaque fabricant qui propose des solutions dispose de sa propre formation. Et c’est au client que revient le choix du fabricant. Chez Reseelec, nous devons donc faire passer les formations selon les choix des clients.


« Les électriciens doivent et devront encore davantage développer leur savoir-être »


Quel est votre point de vue sur l’évolution de la filière électrique et du métier d’installateur, lié au déploiement d’offres à haute valeur ajoutée et à la digitalisation ?
Alice Gevaert – Au-delà des compétences techniques, qui sont un prérequis, les électriciens doivent et devront encore davantage développer leur savoir-être. Ils devront savoir expliquer ce qu’ils font et démontrer leurs choix techniques pour prouver leurs compétences. D’autre part, il y a encore quelques années, peu d’informations étaient transmises dans les plans et les différents documents de fin de chantier. Les électriciens doivent maintenant livrer bien plus d’informations et cette tendance va se poursuivre. Aujourd’hui, tout le monde a accès à l’information et nous constatons que les clients sont de plus en plus renseignés sur notre métier. Il faudra renforcer l’accompagnement et répondre à toutes les questions. Enfin, au sujet de la féminisation, nous constatons que si une femme parvient à faire sa place, elle trouvera toujours du travail. La complémentarité homme-femme pour le suivi de chantier est également un atout, car le dialogue et la différence des points de vue apportent de la richesse aux projets. Mais en tant qu’électricien monteur de réseaux, je n’ai jamais reçu un CV de femme. De plus, la loi prévoit que les installations de chantier doivent être différentes pour les hommes et les femmes. Embaucher une femme n’est donc possible que pour les chantiers longs, car le doublement des installations de chantier a un coût.

Propos recueillis par Alexandre Arène

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