TRILUX : une entreprise familiale à l’échelle internationale

Lionel Witkowski, directeur général de Trilux France © Yves Trotzier
Lionel Witkowski, directeur général de Trilux France © Yves Trotzier

Trilux fait partie de ce que l’on appelle en Allemagne le « Mittelstand », un terme qui renvoie à l’idée d’entreprises familiales, indépendantes, avec un attachement fort à leur territoire et une inscription dans la durée. Ces petites entreprises sont devenues des groupes internationaux qui ont conservé leur génome et leur esprit de taille moyenne. Trilux a été créée en Allemagne en 1912 et était au départ un sous-traitant de l’industrie du luminaire. Elle a pris son essor dans la période d’après-guerre et a décidé de ne produire que des luminaires fluorescents qui, à l’époque, fournissaient trois fois plus de lumière que les lampes à incandescence : d’où le nom de « tri lux ».

Vous travaillez chez Trilux depuis plus de 25 ans. Quel regard portez-vous sur cette entreprise aujourd’hui ?
Lionel Witkowski –
Trilux correspond à mon premier travail à ma sortie d’école d’ingénieur. Je suis devenu PDG de Trilux France en 2000. Quand on est aussi longtemps dans une entreprise, les décisions que l’on prend s’inscrivent dans le long terme et sont bienveillantes. Trilux se place toujours dans le long terme, c’est un point fort et une réelle richesse de l’entreprise. La crise que nous connaissons actuellement montre combien il est important de maîtriser la chaîne de production dans le temps. Je dois reconnaître que finalement, nous avons relativement peu souffert de problèmes de pénurie car nous avons su anticiper et garder cette vision sur le long terme. Nous avons du mal, comme tout le monde, à obtenir des composants électroniques, des capteurs, mais pour tout ce qui concerne la fabrication, nous avons réussi à établir des canaux d’approvisionnements des composants. Et comme, ensuite, nous gérons nous-mêmes la production, nous avons pu traverser cette crise avec un très fort taux de disponibilité. Et d’ailleurs, nous avons réfléchi à la pertinence de continuer à étendre notre présence industrielle en Europe, et donc de réduire notre empreinte carbone. Pour moi, c’est aussi important que de développer des produits de qualité.

Vous évoquez là le design des produits ?
Lionel Witkowski – Oui, dans l’éclairage, le design compte double ! Les produits d’éclairage sont visibles. De plus, on joue avec la lumière : on a donc à la fois la visibilité du produit et celle de l’effet lumineux. Trilux dispose de designers en interne de manière à avoir un fil conducteur de la marque dans son design, mais, pour éviter l’autarcie, sait s’enrichir de talents extérieurs. C’est ce que nous avons cherché à montrer tout au long du tour d’Europe de Trilux : présenter nos produits, inviter nos partenaires à les toucher, à parler d’éclairage. En France, le tour a permis de réinventer les rencontres avec nos clients, de les retrouver dans un autre contexte que celui des salons, afin de leur faire découvrir des usages et des solutions. Pour ce faire, nous avions associé des partenaires comme Sedus qui est l’un des fabricants européens leaders dans l’aménagement des espaces de travail. La complémentarité de nos gammes de produits et la convergence de nos exigences de qualité nous ont incités à construire un partenariat avec notre participation commune aux éditions 2021 et 2022 du salon Workspace Expo à Paris et au tour Trilux en Europe. Nous avons également proposé, avec l’industriel Hager, des webinaires pour expliquer comment offrir une gestion de l’éclairage et de l’énergie performante dans les bâtiments tertiaires. Ce tour d’Europe, que nous avons appelé « Living Contrasts Tour », a mis en avant notre positionnement de spécialiste de solutions d’éclairage professionnel, et notre capacité à répondre aux exigences les plus élevées en matière de qualité et d’innovation. Cette tournée événementielle a fait étape dans 12 villes européennes et 5 pays. En France, le tour s’est arrêté à Nantes, Lyon et Strasbourg où il a reçu un accueil très chaleureux et une forte mobilisation de la part de nos clients. Aujourd’hui, Trilux c’est 5 000 personnes dans le monde, 620 millions d’euros de chiffre d’affaires et une présence dans plus de 50 pays, ce qui n’empêche pas Trilux de se considérer avant tout comme européenne. D’autres marques ont rejoint le groupe : Oktalite, Zalux, Watt24, Pacelum, Crosscan, Monolicht et récemment Trilux a pris une participation à hauteur de 25 % dans la société Wtec, un des spécialistes du « PoE » (Power over Ethernet : alimentation électrique par câble Ethernet), ce qui illustre bien l’évolution de notre entreprise dans le monde digital.

L’éclairage occupe une place importante dans la décarbonation et va ouvrir de nouvelles perspectives pour répondre aux défis de demain.”

Vous pensez que l’éclairage va devenir de plus en plus numérique ?
Lionel Witkowski – L’avenir se situe en effet « beyond lighting », au-delà de l’éclairage. Nous allons pouvoir adresser tous ces usages grâce aux capteurs multifonctions embarqués dans les luminaires : par exemple, déterminer le taux d’occupation des salles, remonter des informations précises de température, de concentration de CO2, de molécules volatiles dans un local, identifier les flux à l’intérieur d’un bâtiment, géolocaliser des personnes pour les guider ou leur adresser un contenu informatif par rapport à leur position. C’est aussi la capacité de savoir localiser les objets, comme des paperboards dans un espace de coworking, ou des défibrillateurs dans un lieu public… Nous savons qu’à un moment donné, nous allons basculer vers du service, ce qu’on appelle « Light as a service ». L’impact de l’économie circulaire va nous aider car il y a réutilisation des produits. Imaginons louer une installation d’éclairage à un utilisateur pour une période donnée, et en fin de période de location, installer des produits nouveaux et récupérer les anciens pour les réutiliser dans d’autres projets. De plus, nous pouvons aussi proposer des financements qui permettent dès le départ de réaliser des économies d’énergie qui financeront l’investissement. Trilux France s’engage dans cette démarche.

Justement, quelle place occupe Trilux en France ?
Lionel Witkowski – Trilux France a été fondée en 1959 ; elle est implantée aujourd’hui à Entzheim, dans le Bas-Rhin, et affiche un chiffre d’affaires de 51 millions d’euros. Dans le domaine du BtoB, elle est n° 2 de l’éclairage intérieur. Trilux France compte 76 salariés ; elle est composée d’un bureau d’études, d’un service des affaires spéciales, d’une équipe de commerciaux itinérants et sédentaires. Le fait d’être généraliste lui permet de répondre efficacement à une large palette de besoins et de situations, que les applications soient fonctionnelles ou plus design, grâce notamment à la marque Simes que nous distribuons. Trilux a recruté cette année un nouveau directeur commercial et marketing, Philippe Holtzhausser, pour la filiale France. Pilote de la stratégie de marque et de l’expérience client, il met son expertise au service de la transformation de l’entreprise afin d’accompagner l’évolution du secteur et ses enjeux, notamment sur le segment du Smart Lighting et de la structuration de nouvelles offres de services axées sur les besoins des clients. Tous ces développements nous placent au-devant de la scène et Trilux a un rôle important à jouer au moment où l’éclairage devient à la fois un vecteur essentiel de la transition écologique et un fort levier de décarbonation. L’arrêt de la mise sur le marché des tubes fluorescents en 2023 va entraîner la nécessité de rénovation du parc installé et permettre de réaliser des installations durables (aujourd’hui, nos produits affichent jusqu’à 100 000 heures). Nous sommes prêts à relever ce défi !

Propos recueillis par Isabelle Arnaud

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *