Pétales de rose et de lumière à Saint-Quentin-en-Yvelines

Photo de danseurs dans le jardin du Centre, à Saint-Quentin-en-Yvelines, éclairé par Dumas Lumière.
Jardin du Centre. Saint-Quentin-en-Yvelines – L’esplanade et sa mise en lumière rénovée en 2023. Extrait du film Pétales de rose – Éclairage public. Maîtrise d’ouvrage : Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines - Maîtrise d’œuvre. Paysagiste : agence François Brun - Conception lumière : Marc Dumas, Dumas Lumière - BET : Technicité – Verrières-le-Buisson - Installateurs : Eiffage Énergie (esplanade) et STPEE (place de la République) - Matériel d’éclairage : Sammode, Selux © Marc Dumas

Face à la gare régionale de Saint-Quentin-en-Yvelines, le jardin du Centre dessert des habitations, des entreprises, un campus et des écoles. Marc Dumas, concepteur lumière, Dumas Lumière, a déployé une imagerie poétique dans des lieux stratégiques afin que l’usager s’approprie le site.

Avec le réaménagement du jardin du Centre, véritable colonne vertébrale, directement connectée à la gare et aux quartiers environnants, la Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines a voulu requalifier le quartier, entretenant un tourisme d’affaires. L’agence paysagiste François Brun a rendu visibilité et attractivité au site afin que les passants se réapproprient l’espace, en s’y trouvant bien et en sécurité de jour comme de nuit. Le projet d’éclairage propose une scénographie initiée sur l’esplanade d’accès et qui se poursuit jusqu’à la place de la République, le cœur du parc. Sa particularité tient à une interaction entre une lumière blanche en périphérie des circulations et une obscurité en leur centre, tapissée de pétales de rose, rappelant la roseraie à proximité. Pour le concepteur lumière, « la pénombre sur les trajets apaise le parcours, l’imagerie projetée active un imaginaire de poésie pour une animation du regard. Toute l’attention du projet s’est portée sur l’équilibre entre deux ambiances complémentaires, l’une fonctionnelle, l’autre scénographique, avec un soin particulier sur la dimension des pétales, les nuances de leurs textures, la saturation des couleurs et leur place dans le paysage. Fait notable, durant les 12 années d’évolution de l’aménagement paysager, on constate des modifications du projet lumière initial et des ajustements avec les éclairages limitrophes. »

Photo du jardin du Centre, à Saint-Quentin-en-Yvelines, éclairé par Dumas Lumière.
Place de la République, sculpture « Marbre gris » de Ladislas Schwartz ©Marc Dumas

Accompagner l’obscurité
« La requalification du quartier est liée à l’image nocturne du jardin. Cependant, le passage entre la ville éclairée et les espaces paysagers du parc – où obscurité et silence se font plus prégnants – soumet l’usager à une mutation sensorielle qui est déterminante pour le projet lumière, explique Marc Dumas. Il se trouve, poursuit-il, qu’une lumière dirigée sur les cheminements accentue aussi la densité de l’ombre qui entoure l’usager, le désignant aux regards. Le parti lumière propose, à des moments clés des trajets, un espace scénographié entre lumière et obscurité. Par une pénombre complice (où la pupille se dilate, le regard s’ouvre), chaque individu devient spectateur d’une imagerie de lumière dans laquelle il peut s’immerger physiquement et se projeter mentalement. »

Conjointement, un éclairage fonctionnel, déplacé en périphérie des trajets, conforte la vision d’ensemble de Saint-Quentin-en-Yvelines. Ainsi apparaît une esthétique de l’ambiance faite de confort visuel, d’harmonie entre ombre et lumière, d’une palette chromatique qui accompagne une narration poétique suscitant l’imaginaire de chacune et chacun.

Photo de la place de la République avec sculpture Marbre gris de Ladislas Schwartz
La place de la République avec la sculpture « Marbre gris » de Ladislas Schwartz, et l’allée des Saules. © Marc Dumas

Un projet évolutif
« Au cours des douze années d’études, d’arrêts et de reprises de l’aménagement paysager, le projet lumière initial, place de la République, s’est transformé, conformément à l’arrêté de décembre 2018, ajoute Marc Dumas. Les préoccupations environnementales ont conduit, dans le respect de la biodiversité, à baisser les points lumineux (limiter les nuisances envers les insectes) ainsi qu’à proscrire les colorations bleutées prévues à l’origine. D’où la reconduite des motifs de pétales, moins impactante. » Puis en 2022, sur l’esplanade, la rénovation en led de projecteurs à gobos plus performants permet de passer de 10 à 6 le nombre de pétales projetés et d’opter pour une température de couleur plus chaude ; l’intensité des luminaires de l’avenue du Centre bordant l’esplanade a été abaissée, de 150 W à 60 W en 2 800 K. Enfin, dans les allées descendant vers la vallée de la Bièvre, les appareils vont passer de 3 000 K à 2 700 K ; créant une ambiance apaisée jusqu’au cœur du jardin : la place de la République de Saint-Quentin-en-Yvelines, après la pergola, surplombe la vallée de la Bièvre. Point de rencontre des trajets piétons, elle est devenue un espace de rendez-vous.

Photo du jardin du Centre, à Saint-Quentin-en-Yvelines, éclairé par Dumas Lumière.
La pergola et la roseraie en 2022. © Marc Dumas

Toujours en 2022, la scénographie des pétales de rose est reprise, dans une palette de couleurs plus marquées. Sur un côté de la place de Saint-Quentin-en-Yvelines, l’œuvre de Ladislas Schwartz, Marbre gris, bénéficie d’une mise en lumière rosée spécifique, réalisée à partir de projecteurs à découpe orientés sur la partie arrière de la sculpture.

Cette réalisation a reçu le 2e prix du Concours Lumières organisé par le Serce en 2023 ainsi que le prix « Coup de cœur » de l’ACEtylène 2023.

Photos ci-dessus : Extraits du film Pétales de rose – Éclairage public. Lors de réglages sur l’installation initiale de l’esplanade en 2010, Marc Dumas fut surpris par une jeune femme qui, découvrant l’installation, se mit à esquisser des pas de danse sur les pétales de rose. Cette image, très forte par sa spontanéité, incita le concepteur à la réalisation du film Pétales de rose – Éclairage public. Une chorégraphie adaptée par la troupe Bobainko (Domitille Blanc, chorégraphe) évoque le potentiel imaginaire issu de l’éclairage du site et son appropriation par l’usager.

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