Installer des systèmes de GTC/GTB performants pour répondre aux prescriptions des décrets BACS et tertiaire

Le décret BACS va concerner les bâtiments tertiaires de moyennes et grandes surfaces. © KNX

Tous les bâtiments tertiaires, publics ou privés (bureaux, établissements de santé et d’enseignement, datacenters…) sont confrontés depuis plus de 2 ans à une forte hausse des coûts des énergies. Mais ils doivent aussi, pour les plus importants, répondre aux obligations du décret « tertiaire » et du décret « BACS ». Ce dernier décret doit permettre de répondre aux prescriptions du premier décret. Pour cela, il faudra installer des systèmes de GTB (gestion technique du bâtiment) ou GTC (gestion technique centralisée) performants et adaptés à des bâtiments neufs ou existants.

Le décret tertiaire publié en juillet 2019 avait fixé les conditions et le champ d’application de l’obligation de réduction de la consommation énergétique des bâtiments tertiaires, renforcé par la suite par le décret BACS. Pour atteindre ces objectifs à l’horizon 2030, puis 2040 et 2050, différentes actions peuvent être mises en place : amélioration de la performance énergétique des bâtiments, installation d’équipements CVC performants et mise en place de dispositifs de contrôle et de gestion active de ces équipements.

Objectifs de réduction des consommations d’énergie du parc tertiaire. © KNX

Ce dernier point a été précisé par le décret du 20 juillet 2020, modifié par le décret du 7 février 2023. Ces décrets, dits décrets BACS, visent à optimiser la performance énergétique des bâtiments en imposant l’installation de systèmes d’automatisation et de contrôle de ces bâtiments BACS (pour Building Automation and Control Systems).

Le décret BACS en quelques points
Le terme BACS est utilisé car il s’agit de la transposition en droit français d’une directive européenne de 2010, mais il correspond à un système de gestion technique du bâtiment (GTB) ou gestion technique centralisée (GTC).

En se référant à la norme NF EN 52120-1, ces BACS sont définis en 4 classes, A, B, C ou D. La conformité au décret BACS est possible à partir du niveau C, mais seules les classes A et B permettent d’accéder au label certificat d’économies d’énergie (CEE). Elles sont donc conseillées pour viser une performance énergétique élevée. Le BACS comprend des dispositifs de mesure qui transmettent des données à sa fonction de régulation automatique, qui les analyse et transmet des commandes à des actionneurs de terrain, ces données étant enregistrées.

Solution Smart & Connective de supervision des bâtiments. © Smart & Connective

Comme le rappelle Marion Crozet, directrice Communication de Smart & Connective, « la gestion technique du bâtiment permet d’automatiser les organes énergivores d’un bâtiment tertiaire, tels que le CVC, l’éclairage… Grâce à des capteurs présents dans une pièce, l’automate (cerveau de la GTB) récolte les données comme la température, la luminosité, la qualité de l’air, l’état d’ouverture d’une porte ou d’une fenêtre, la présence… Ces données sont ensuite analysées et traitées pour répondre à des scénarios d’économies d’énergie préétablies sur le logiciel dédié. Enfin, l’automate va ordonner des mesures correctives automatiques aux actionneurs pour piloter les appareils concernés. L’objectif d’une GTB est donc d’optimiser les performances énergétiques d’un bâtiment tertiaire, tout en garantissant un confort et une qualité de vie aux occupants.   

Le décret BACS encadre l’utilisation des GTB afin de normaliser les économies d’énergie. Il est important de pouvoir contrôler les organes énergivores pièce par pièce ou espace par espace, afin de créer des scénarios poussés, permettant ainsi de plus grandes économies d’énergie. Les GTB peuvent détecter les anomalies de consommation et ainsi, alerter rapidement les équipes de maintenance pour éviter le gaspillage énergétique, mais également pour garantir une plus grande longévité des équipements, mieux entretenus. La GTB doit rendre les différents systèmes techniques interopérables afin d’accroître les économies d’énergie réalisables. Grâce à ce système d’automatisation, il est possible de faire jusqu’à 50 % d’économies d’énergie dans un bâtiment tertiaire existant. »

Diana Rezende Carrijo, Area business Developer- Power Switching & Monitoring de Socomec. © Socomec

Mais, rappelle Diana Rezende Carrijo, Area Business Developer-Power Switching & Monitoring de Socomec, « un BACS est un système de gestion technique de bâtiment (GTB) permettant de contrôler et de superviser la gestion de l’ensemble des installations techniques des bâtiments. Mais il est important de bien comprendre qu’au sens du décret, il est également obligatoire de mettre en place des appareils de suivi, d’enregistrement et d’analyse des données de production et de consommation énergétique des systèmes techniques tels que le chauffage, l’eau chaude sanitaire, la ventilation, la climatisation, l’éclairage et autres systèmes du bâtiment. Ces appareils de mesure doivent pouvoir mesurer par zone fonctionnelle, à un pas horaire et garantir une interopérabilité avec les systèmes de gestion technique. 

Système de mesures électriques Digis Digiware de Socomec. © Socomec

Socomec, en tant que spécialiste de la mesure de l’énergie électrique, propose des solutions particulièrement adaptées aux sites assujettis au décret BACS, telles que le système Diris Digiware. En effet, le système Diris Digiware est une solution de mesure simple, précise, rapide à déployer notamment au sein de bâtiments existants, interopérable avec les systèmes de pilotage (automates, régulateurs, logiciels) tout en garantissant un niveau élevé de cybersécurité. 

De plus, le système Diris Digiware répond parfaitement aux normes en vigueur, telles que l’EN 17267 qui définit la méthodologie et les bonnes pratiques pour établir un plan de comptage et de mesurage de l’énergie et qui constitue un parfait support pour répondre au volet mesure du décret BACS. Le système Diris Digiware est très largement déployé depuis plusieurs années dans l’industrie, mais aussi, et de plus en plus, dans le tertiaire public et privé.

Récemment, une ville du sud de la France disposant d’un patrimoine immobilier important s’est engagée dans le déploiement de cette solution à hauteur d’une centaine de sites tels que des écoles, des crèches, des centres de loisirs, etc. »

Marjorie Separt, Chef de Projet Client tertiaire d’Overkiz. © Overkiz

Un enjeu crucial pour les propriétaires et utilisateurs de bâtiments tertiaires
Pour Marjorie Separt, chef de projet Client tertiaire d’Overkiz, société française spécialisée dans la conception et le développement de solutions Smart Home et Smart Building du groupe Somfy, « c’est un enjeu crucial qui va nécessiter de vraies adaptations en termes d’investissements et de comportements. Le décret BACS impose aux gestionnaires d’équiper leurs bâtiments de plus de 1000 m2 d’une solution d’automatisation d’ici à janvier 2025, autant dire demain. Le décret tertiaire a fixé un premier objectif de baisse des consommations énergétiques de 40 % d’ici 2030. Les utilisateurs et notamment les facility managers vont être des acteurs clés de cet effort collectif demandé en s’emparant au plus vite des nouveaux outils de type GTB. 

Solution Smartkiz d’Overkiz. © Overkiz

Chez Overkiz, on note une vraie accélération de la demande, signe d’une prise de conscience. Il faut savoir que moins de 10 % des bâtiments sont équipés d’une GTB (très souvent mal ou pas utilisée) alors que 80 % d’entre eux sont soumis aux nouvelles obligations. Le chantier est énorme, en rénovation comme dans le neuf. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions comme Smartkiz®, qui permettent d’upgrader des GTB en place ou d’installer un dispositif complet nouvelle génération. Dans un cas comme dans l’autre, les économies d’énergie grâce à une GTB peuvent monter jusqu’à 30 %.  

Rapidité de mise en place, simplicité d’utilisation et accessibilité sont les fondamentaux attendus. Car l’installation d’une GTB filaire classique est lourde, coûteuse et condamne le bâtiment le temps de passer les câbles dans les murs. Par ailleurs, l’évolutivité, l’interopérabilité et la sécurité sont des paramètres essentiels au choix d’une solution ».

La phase préparatoire à la mise en œuvre du décret BACS est importante
Depuis juillet 2021, le décret BACS s’applique aux bâtiments neufs équipés d’un système dont la puissance nominale utile est supérieure à 290 kW, mais à partir du 1er janvier 2025, il va s’appliquer à tous les bâtiments de plus de 290 kW. Dans ces bâtiments souvent anciens et confrontés à des problèmes d’inefficacité énergétique, la mise en place d’une GTB performante peut se révéler complexe et nécessiter une phase préparatoire d’études.

Pour Yann Plévin, responsable Marketing produit Smart Building GTB, ABB France, « le facteur clé et donc de succès pour réussir la mise en œuvre du décret est de savoir s’entourer d’une équipe performante afin d’envisager tous les aspects du projet (montage technique et financier). Le rôle de l’audit sur site, étape incontournable et obligatoire afin de faire correspondre les attentes du client avec les coûts de travaux dans le délai imparti. Et cela est encore trop souvent minimisé. Revenir sur une installation existante est complexe, il faut remettre en fonctionnement un site qui ne l’est plus le plus souvent sans connaissance particulière de ce dernier.

Une étape de mesures sur site peut permettre de prendre connaissance du rythme de vie du bâtiment et de découvrir rapidement ses consommations anormales. Cette campagne de mesures de températures et de relevés de consommations aide donc considérablement à déceler quels sont les principaux postes consommateurs du moment et d’en déduire les actions et matériels à mettre en place pour limiter les surconsommations.

Le décret BACS, s’il est avant tout axé sur le CVC doit également être appréhendé du côté du lot électricité CFA/CFO. Les installateurs sont, de par leur formation professionnelle, plutôt l’un ou plutôt l’autre et ont peu souvent la double casquette. Cela complexifie l’accompagnement client, car unir ses forces aide à avancer plus vite et mutualiser les coûts de câblage lors de la mise en service. Dans certains cas, il ne faut pas non plus hésiter à récupérer un BUS filaire existant et conserver l’architecture mise en place, ou bien, au contraire, en fonction de la problématique du client, tirer de nouveaux câbles RJ45. La collecte d’informations auprès du client final est primordiale pour savoir ce qu’il est bon de conserver ou transformer sur l’installation du client. Il faut également penser à discuter avec son client afin d’anticiper ses futurs besoins : souhaite-t-il ajouter d’autres nouveaux usages tels que la mobilité électrique ? Tout ceci fait que le bâtiment une fois repensé doit évoluer vers davantage de flexibilité et cela va donc bien au-delà des attentes des décrets. Les décrets aident à fixer un cap en termes de performance énergétique des bâtiments. Il faut aller au-delà donc, et connaître les besoins futurs du client afin que des travaux adjacents puissent être réalisés ou anticipés pour être cohérent avec ce qui est préconisé lors de la rénovation du bâtiment ».

Des solutions adaptées à tous les bâtiments tertiaires
Les besoins peuvent être très différents pour un immeuble de bureaux, un hôpital et ses nombreux bâtiments et plateaux techniques ou un hôtel. Les solutions proposées par les constructeurs doivent s’adapter à ces différents cas, aux solutions GTC existantes et souvent peu efficaces en utilisant de plus en plus les technologies de l’IoT et, demain, de l’IA (intelligence artificielle).

Pour le tertiaire ou le résidentiel, l’Internet des Objets (IoT) va permettre d’optimiser la performance énergétique des bâtiments soumis aux décrets tertiaire et BACS avec les données collectées en continu des différents indicateurs du bâtiment.

Equipements et protocoles compatibles avec Smartkiz. © Overkiz

Selon Marjorie Separt, « avec l’IoT, les GTB deviennent intelligentes : les objets connectés (éclairages, chauffage, climatisation, ventilation, capteurs…) interagissent entre eux à travers le cloud. Les données collectées en temps réel permettent de développer des applications simples axées sur le besoin et les usages. Grâce à une seule interface multisite, l’utilisateur pilote à distance tous les équipements et crée ses dashboards personnalisés pour une gestion optimale des flux énergétiques.

Face à la quasi-inexistence de solutions pour le petit et moyen tertiaire, nous avons développé Smartkiz® : une GTB connectée clé en main qui démocratise le Smart Building avec un maximum de plus-values. D’abord sans fil, soit 80 % de câblage en moins, donc sans travaux. Ensuite, multicompatible pour s’intégrer dans l’installation existante quand il y en a une. C’est grâce à notre expertise de l’IoT depuis 15 ans que nous avons développé une large interopérabilité avec un nombre d’équipements, de protocoles et de marques unique sur le marché (Schneider, Legrand, Atlantic, Daikin, Mitsubishi, Somfy…). Par ailleurs, Smartkiz® est vraiment intelligente : simple à prendre en main à partir d’une interface de supervision et de pilotage à distance intuitive, performante en Energy management grâce à la possibilité de créer des scénarios avancés, et sécurisée au plus haut niveau via des serveurs exclusivement basés en France. L’intérêt suscité sur le dernier salon IBS confirme que ces caractéristiques sont au cœur des attentes ».

Solution GTB Light de Smart & Connective. © Smart & Connective

De son côté, Smart & Connective propose une solution de GTB Light. « L’un des points importants de notre solution GTB Light Smart & Connective est le fait que nous interfaçons en parallèle des moyens de commande existants, explique Marion Crozet. Par exemple, lorsque nous pilotons un éclairage, nous changeons seulement l’interrupteur basique par une version connectée. Lorsque nous pilotons du CVC, nous plaçons généralement un module directement sur le bus entre la télécommande et les unités intérieures. Cela permet d’une part, de ne pas bouleverser les habitudes de l’utilisateur, d’autre part, en cas de dysfonctionnement ou mauvais paramétrage d’une règle de régulation, débrancher notre automate permet de reprendre un contrôle manuel comme avant l’installation de la GTB sur site. 

Résultats obtenus dans un hôtel avec l’installation d’une GTB Light de Smart & Connective. © Smart & Connective

Grâce à La GTB Light Smart & Connective, la rénovation énergétique d’un bâtiment tertiaire existant n’a jamais été aussi simple ! Un bâtiment non équipé est rapidement, simplement et avec un investissement raisonnable, transformé en bâtiment intelligent et connecté. Une installation sans travaux (non filaire) et très rapide. Il n’y a donc pas de perte d’activité pour les bâtiments tertiaires type retail, hôtels ou même bureaux. 

Un autre avantage est que notre GTB Light est un écosystème global avec son automate, ses IoT (testés et validés par nos équipes) et son portail en ligne. Le tout éligible à la classe A ou B pour les financements CEE !

Enfin, notre GTB Light fonctionne grâce aux protocoles radio Z-Wave et Zigbee, ce qui nous permet un contrôle-commande ultra réactif pour encore plus d’économies d’énergie ! À l’aide d’un maillage d’automates, nous sommes capables de couvrir les petites, moyennes et grandes surfaces. » 

Mise en œuvre d’ABB Insite dans un bâtiment tertiaire. © ABB

ABB dispose d’une offre logicielle et matérielle pour répondre au décret BACS. Yann Plévin explique :
« ABB est l’un des seuls acteurs capables de proposer des solutions BACS sur tous les protocoles standard du marché (Lon, KNX, BACnet, Modbus), ce qui permet de rénover en douceur un bâtiment disposant d’ores et déjà d’une infrastructure GTB. Cela réduit le temps de mise en œuvre et permet par exemple de garder des réseaux BUS déjà tirés et surtout, de continuer à rénover en milieu occupé.
Pour aller plus loin sur cette idée, la solution de comptage InSite pro M dite « non intrusive » permet de réaliser un audit de ses consommations poste par poste sans discontinuité du système ou de ses installations. Grâce à sa centrale de mesure et à ses capteurs de courant ouverts reliés entre eux par une nappe BUS, cela permet d’intervenir dans le tableau électrique en venant superviser chacun des départs électriques sans ouvrir les circuits. La centrale de mesure est équipée d’un webserveur et d’une interface conviviale et facilement paramétrable par un installateur ou responsable de site. Ces données collectées aident à analyser très rapidement la répartition des consommations et les premières dérives. En effet, de nombreux clients ont ainsi pu mettre en évidence en une semaine des consommations anormales sur des zones de chauffage ou d’éclairage fonctionnant après les heures de présence des employés. Cette campagne de mesure peut être appliquée temporairement à chacun des tableaux électriques, voire laissée à demeure, à des fins de contrôle de bon fonctionnement des installations. »

Fédérer toutes les composantes de la GTC auxquelles viennent s’ajouter les solutions IoT
Estelle Bertin, directrice Marketing de la société Codra, donne l’exemple des applications Panorama de Codra qui permettent de collecter, puis d’analyser, l’ensemble des données générées par les équipements : éclairage, eau, consommation d’énergie, courants faibles et forts, ascenseurs, contrôle d’accès, détection de présence…

Estelle Bertin, Directrice Marketing Société Codra. © Codra

« Les bâtiments sont équipés d’automates classiques de différentes marques, de différents protocoles : toutes ces données doivent être remontées dans une supervision qui permettra d’administrer et de piloter l’ensemble de ces équipements sur site ou à distance. Avec l’avènement de l’IoT depuis plusieurs années, cela permet de multiplier les cas d’usage et de faire remonter des informations diverses et variées, et plus précises, dans le but d’améliorer l’usage des bâtiments existants. Quelques exemples d’applications IoT :

  • Pilotage du confort des espaces (température, store, lumière, son…) 
  • Reporting et alertes sur la qualité de l’air, le niveau sonore, le niveau de luminosité…
  • Demande d’intervention tous thèmes confondus (guichet unique)
  • Gestion des parkings 
  • Gestion des bornes de recharges 
  • Gestion des casiers/vestiaires 
  • Gestion des flottes d’équipements

Notre solution de supervision Panorama Suite intègre nativement les lectures de ces différents protocoles. Notre solution est ouverte et interopérable, ce qui permet assez naturellement de faire converger les données pour les mettre à disposition de responsables de sites.

La solution permet de communiquer avec les objets connectés soit à travers un réseau opéré (ex. : LoRaWan opéré ou Sigfox), soit en passant par un réseau privé. Dans ce dernier cas, Panorama communique en direct avec les objets connectés en utilisant le protocole MQTT. La solution Panorama Suite, avec son produit Panorama H2, intervient directement avec un outil dédié, « H2 Reporting », pour effectuer du suivi énergétique. Nous disposons des outils nécessaires : par exemple la programmation horaire pour réguler les besoins de consommation énergétique.

Panorama doit être interfacée avec les outils métiers comme la GMAO (gestion de maintenance assistée par ordinateur), le BIM, et le matériel sur site de façon à connaître l’état et les temps de fonctionnement. La GMAO et le BIM apportent un référentiel idéal, mais l’interopérabilité est clé afin de pouvoir visualiser l’ensemble des outils métiers dans une seule et même interface. »

IHM d’un Centre Hospitalier. © Codra

Estelle Bertin donne l’exemple du déploiement de sa solution Panorama dans un centre hospitalier : « Nous avons déployé nos solutions au cœur d’un grand CHU de la région Auvergne-Rhône-Alpes. La particularité du projet : ils se sont appuyés sur un ergonome pour uniformiser les IHM (interfaces homme-machine) afin de faire adhérer la supervision au plus grand nombre, aux utilisateurs (ex. : les responsables de la maintenance) et qui s’occupent de l’infrastructure de la maintenance du site. Ainsi, plus l’adhésion est forte, plus le pilotage est précis avec une seule et même GTB sur l’ensemble du site, qui rassemble environ 40 bâtiments. Le suivi énergétique est mis en place. Ils ont tous les outils pour répondre au décret BACS. Cet établissement est également un bel exemple de convergence des données entre les automates vieillissants et l’IoT : possibilité de communiquer avec les anciens automates et également l’arrivée de l’IoT dans un seul et même outil. Cet hôpital a déployé tous les outils nécessaires pour répondre aux décrets BACS et tertiaire avec des reportings prêts à l’emploi. »

L’importance de la gestion de l’éclairage dans les bâtiments tertiaires
Dans le cadre de la rénovation énergétique d’un bâtiment, l’éclairage des espaces de travail, des espaces de circulation ou des parkings représente un poste de dépenses qui peut atteindre 20 % des coûts d’énergie d’un site. La rénovation et la gestion de cet éclairage ne sont donc pas à négliger.

Julie Simon, Responsable Commerciale de B.EG. Région Normandie. © B.E.G.

Pour Julie Simon, responsable commerciale de B.E.G. pour le secteur Normandie, « la gestion de l’éclairage dans les bâtiments tertiaires est primordiale pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle contribue à l’efficacité énergétique en optimisant l’utilisation de la lumière naturelle et en ajustant l’éclairage artificiel ou son extinction en fonction des besoins réels et de la présence. Cela se traduit par des économies d’énergie significatives et une réduction des coûts. De plus, une gestion intelligente de l’éclairage améliore le confort visuel et ergonomique des espaces de travail, favorisant le bien-être des occupants en réduisant la fatigue visuelle, ce qui permet également une meilleure performance dans son travail ».

Une GTB associée à des capteurs intelligents va permettre de maximiser les économies d’énergie, comme le confirme Julie Simon : « En complément des capteurs et actionneurs, la gestion technique du bâtiment (GTB) offre une approche systémique pour optimiser l’éclairage dans les bâtiments tertiaires. La GTB permet une centralisation et une automatisation des différentes fonctions liées à l’énergie, tout d’abord la ventilation, le chauffage, la climatisation, y compris l’éclairage. En intégrant les systèmes d’éclairage dans une plateforme GTB, il devient possible de mettre en œuvre des stratégies sophistiquées pour maximiser les économies d’énergie. Grâce à la GTB, il est possible de programmer des scénarios d’éclairage en fonction des horaires, de l’occupation des espaces, et même des conditions météorologiques. Par exemple, pendant les heures de faible occupation, la GTB peut réduire l’intensité lumineuse ou éteindre certains luminaires. De plus, elle peut coordonner l’utilisation de la lumière naturelle en ajustant automatiquement l’éclairage artificiel en fonction des niveaux de lumière extérieure.

Supervision des installations d’éclairage. © B.E.G.

L’intégration de la GTB permet également une surveillance continue des performances énergétiques, avec la possibilité de détecter et de résoudre rapidement les anomalies. La collecte de données à long terme permet d’identifier des tendances, d’ajuster les paramètres en conséquence, et d’optimiser continuellement le système pour des résultats toujours plus efficaces. En combinant des capteurs intelligents avec une plateforme GTB, les bâtiments tertiaires peuvent atteindre des niveaux élevés d’efficacité énergétique, réduisant ainsi fortement leur empreinte carbone et générant des économies substantielles sur les coûts énergétiques. La gamme de capteurs et d’actionneurs de B.E.G. vise à améliorer l’efficacité énergétique (moins de consommation inutile), la sécurité (pas de locaux éteints en cas de présence) et le confort (éclairage adapté en fonction de la sensibilité des occupants). Les capteurs de présence, basés sur des technologies PIR, infrarouge, permettent de réguler l’éclairage en fonction de l’occupation des espaces. Les capteurs de lumière du jour ajustent automatiquement l’intensité de l’éclairage en fonction des apports naturels. » 

La gestion avancée de l’éclairage repose sur des technologies autonomes qui maximisent l’efficacité énergétique. Parmi ces technologies, on retrouve des systèmes d’éclairage intelligents tels que le tout-ou-rien, la variation et les protocoles de communication comme DALI (Digital Addressable Lighting Interface) et KNX.



KNX, en phase avec les décrets BACS et tertiaire

Rémy Ostermann, Président de KNX France. © KNX

Remy Ostermann, président de KNX France

 « KNX, c’est avant tout un écosystème constitué de fabricants, de metteurs en œuvre, comme le Collège Intégrateurs KNX France, et des centres de formation. Ils accompagnent la transition des métiers du génie électrique et du génie climatique afin de faire monter en puissance la filière. Les distributeurs, quant à eux, fournissent les produits au plus près des marchés. La mise en place de produits, de solutions et de systèmes interopérables pose les bases d’un bâtiment durable et évolutif dans le temps.

Les membres de KNX France proposent un ensemble de produits et de solutions pour améliorer la gestion énergétique des bâtiments et apporter des services aux usagers. Les systèmes de gestion du bâtiment (BACS) et notamment les solutions numériques portées par les membres de KNX sont éligibles aux aides de l’État. Ces solutions permettent de créer une infrastructure pérenne et évolutive au sein des bâtiments et répondent aux enjeux de transition énergétique du parc et de réduction des consommations.

Les solutions numériques facilitent la création de données pouvant être mise à disposition des occupants et des exploitants pour adapter au mieux le fonctionnent du bâtiment. L’objectif est de piloter localement ou à distance, sur un ou plusieurs sites. Enfin, l’apport de services digitaux aux occupants est également un important levier de confort, mais aussi de performance énergétique. »



La variation de l’éclairage avec DALI et KNX
Comme le confirme Julie Simon, DALI et KNX sont des protocoles de communication largement utilisés pour la gestion dynamique de l’éclairage. « Le protocole DALI permet la variation continue de l’intensité lumineuse des luminaires, offrant ainsi un contrôle précis et graduel de la luminosité. Ce système est idéal pour s’adapter aux différents besoins d’éclairage en fonction des tâches spécifiques et des préférences des occupants. Les luminaires graduent lentement, ce qui donne un confort visuel idéal. 

Gestion de l’éclairage avec le protocole DALI. © B.E.G.

Les luminaires compatibles KNX peuvent être intégrés dans un réseau intelligent, permettant une gestion centralisée de l’éclairage en fonction de divers paramètres tels que la luminosité ambiante, la détection de présence, les préférences et les habitudes d’utilisateurs. L’intelligence intégrée à ces systèmes permet une adaptation constante aux conditions changeantes de l’environnement, garantissant une utilisation optimale de l’énergie. 

 Ces technologies avancées sont souvent associées à des actionneurs, dispositifs qui traduisent les signaux de contrôle en actions physiques sur les luminaires. Les actionneurs permettent un contrôle précis de l’allumage, de l’extinction et de l’intensité de la lumière. En ajustant automatiquement ces paramètres en fonction des besoins réels, les actionneurs assurent une utilisation optimale de l’énergie, contribuant ainsi aux économies d’énergie substantielles. »

Des solutions de communication sans fil pour la gestion de l’éclairage
Des solutions de communication sans fil en réseau maillé permettent également, en intégrant l’intelligence dans chaque luminaire, de personnaliser l’éclairage suivant ses besoins.

Nicolas Roy, Chef de Produits Sylviana France. © Sylvania

« Dans le cadre d’une rénovation, le choix d’un système de communication sans fil élimine la nécessité d’une installation de câblage étendue, contrairement à des solutions telles que le protocole DALI, explique Nicolas Roy, chef de produit de Sylvania France. Il est également particulièrement aisé de modifier et faire évoluer l’installation en cas de réagencement des locaux. L’objectif est de fournir une solution qui intègre de manière transparente la durabilité, l’efficacité et la facilité de mise en œuvre pour répondre aux exigences évolutives de la gestion moderne des bâtiments. » 

L’automatisation de fonctionnalités telles que la détection de présence, l’extinction des luminaires en fonction de l’occupation ou la prise en compte de la lumière naturelle garantit l’obtention de la bonne quantité de lumière, au bon endroit et au bon moment, ainsi que des coûts d’exploitation optimisés.

Pour répondre à ces objectifs et aux contraintes du décret BACS, Sylvania a développé SylSmart Connected, un système de gestion d’éclairage intelligent sans fil utilisant la communication Bluetooth NLC (Networked Lighting Control) et intégrant un capteur multifonction (présence et luminosité) dans chaque luminaire.

Plateforme digitale SylSmart Connected de Sylvania. © Sylvania

« Le réseau maillé ainsi créé offre une couverture de détection exceptionnelle et génère des données détaillées sur l’éclairage lui-même (consommation électrique, temps de fonctionnement, etc.) et sur le bâtiment (occupation), détaille Nicolas Roy. Début 2024, Sylvania Group lance la plateforme digitale SylSmart Connected Pro qui étend les possibilités de SylSmart Connected afin de maximiser l’efficacité par les données. La solution SylSmart Connected Pro, via l’installation d’une passerelle, permet de collecter ces données, de les stocker dans le cloud et de les transférer à une gestion technique du bâtiment par l’intermédiaire d’une API (Interface de programmation d’application).  

L’interopérabilité entre le système de gestion d’éclairage SylSmart Connected et la GTB est la clé pour répondre au mieux au décret BACS qui impose l’installation d’un système d’automatisation et de contrôle dans les bâtiments tertiaires non résidentiels. Sylvania Group propose également un accompagnement tout au long du processus (de l’audit énergétique au contrat de maintenance, en passant par la mise en service), essentiel à l’accomplissement des démarches nécessaires pour répondre au décret BACS. »

La mise en place d’une de ces solutions BACS va donc permettre de faire des économies d’énergie, d’améliorer le confort et la sécurité des occupants, mais aussi de réduire les pannes et les coûts de maintenance des installations.

 

Jean-Paul Beaudet

 



Trois ans après sa publication, où en est l’application du décret BACS

Yann Plévin, Responsable Marketing produits- Smart buildings GTB d’ABB France. © ABB

Yann Plévin, responsable Marketing produit, Smart Building GTB, ABB France

« Notre retour d’expérience montre que dans la majorité des cas, il y a toute une partie des acteurs du bâtiment, qualifiés de « non obligés », pour reprendre la sémantique des aides CEE, qui ne sont pas encore au courant : j’entends par là les installateurs et les distributeurs de matériels électriques.
En revanche, les « obligés », c’est-à-dire les propriétaires, sont au fait des décrets, mais ne savent pas comment s’y prendre ni même vers qui se tourner pour obtenir le conseil si précieux pour auditer leur bâtiment.

Ainsi, ce qu’attend vraiment le client final, c’est de disposer d’un support de qualité et d’un audit de site réaliste pour lui donner la possibilité de se projeter sur les actions à réaliser en les budgétant dans le temps imparti… et le délai est très court pour ceux qui n’ont pas encore commencé à réaliser ces actions préalables.

Notre ressenti est que la profession n’est pas encore suffisamment au fait de tous les mécanismes qui permettent au client final d’avoir toutes les cartes en main pour décider.
Les actions portées par les syndicats, associations, fabricants lors des salons pour accompagner la filière commencent à porter leurs fruits et arrivent progressivement jusqu’en région. Ces mêmes messages sont d’ailleurs relayés plus largement par RTE, Enedis et le gouvernement, ce qui contribue à les faire connaître encore un peu mieux.

Toutefois, il y a encore un gap important entre la connaissance du décret et la réponse apportée au client pour l’aider à transformer son site en un bâtiment BACS performant.

L’audit sur site est essentiel. Aucune installation ne peut être qualifiée de standard. Cela dépend du matériel mis en place, de sa vétusté, de son entretien quotidien ou non et du personnel technique assurant la maintenance du site (installateur, responsable technique, exploitant).
Lorsque le doute est justifié sur la connaissance des installations, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner de spécialistes pour réaliser cet audit : les fabricants, et les intégrateurs surtout, sont également présents pour accompagner ce processus de décision. Je n’insisterai jamais assez sur la nécessité de disposer d’un audit de qualité avant d’engager les travaux.

La notion de classes de GTB, bien que décrite depuis longtemps dans la norme EN 15232, puis reprise dans la NF EN ISO 52120-1, parle de fonctionnalités système et non de produits, ce qui demande une connaissance avancée des produits et de leurs fonctionnalités pour pouvoir proposer différents scénarios aux clients finaux, leur permettant ainsi de prendre leur décision en tenant compte évidemment de son ROI (retour sur investissement).

Pour améliorer le ROI de l’obligé, il faut également savoir l’accompagner en mettant en face les primes auxquelles il peut prétendre : les opérations CEE sont conçues pour cela et restent très attractives, mais encore faut-il savoir monter ces opérations. En toute transparence, le gouvernement souhaite que les travaux de rénovation s’effectuent en masse et le plus rapidement possible sur tout le territoire. Ces aides ou « coups de pouce » sont renouvelées régulièrement, mais sur des périodes assez courtes. Les décisions des clients doivent donc se prendre elles aussi rapidement pour pouvoir en bénéficier.

Au cours de ces trois dernières années, nous avons pu constater des demandes croissantes portant sur des dossiers BACS, mais curieusement, sur des bâtiments tertiaires de petites tailles démunis de GTB. Les sociétés disposant d’un parc immobilier important composé d’une multitude d’agences disposant de petites surfaces ont pu ainsi monter des opérations de grande ampleur pour réduire massivement leurs consommations. Ces petites GTB contrôlent et pilotent désormais des appareils de chauffage (convecteur fil pilote), ou de climatisation (splits systèmes) qui avaient la fâcheuse habitude de passer sous les radars et qui fonctionnaient en autonomie totale.

Pour les opérations de grand tertiaire, on pense aux bâtiments de bureaux, il faut, en plus de l’aspect rénovation et contrainte normative, concilier la modernisation des bâtiments avec le rythme de vie des occupants : rénover des bâtiments en milieu occupé n’est pas une chose évidente. »



 

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