Frédérique Le Grevès, présidente d’IndustriElles : « Avec moins de 20 % de femmes dans les écoles d’ingénieurs, les parties prenantes doivent travailler à déconstruire les préjugés. »

Frédérique Le Grevès, présidente de STMicroelectronics France et présidente d’IndustriElles

IndustriELLES a pour objectif de mobiliser les femmes et les hommes de l’industrie pour qu’ils agissent en faveur de la mixité du secteur. Elle a été relancée le 8 mars 2023 par Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, dans la continuité de l’initiative créée par Agnès Pannier-Runacher en 2019. Frédérique Le Grevès, qui préside l’initiative, nous présente IndustriELLES et ses actions pour accélérer la féminisation des métiers de l’industrie.

Pouvez-vous nous présenter l’initiative « IndustriELLES » ?
Frédérique Le Grevès –
Le collectif rassemble celles et ceux qui souhaitent s’impliquer dans la mise en œuvre d’actions concrètes afin de faire évoluer l’image de l’industrie, parfois encore perçue comme un milieu surtout masculin, et d’attirer des jeunes filles et des femmes dans ce secteur. Nos principaux objectifs sont, d’une part, de rendre l’industrie plus attractive pour les femmes, en leur permettant de contribuer à sa structuration d’une manière qui les valorise, et d’autre part, d’inviter l’ensemble des acteurs du secteur à une réflexion sur leur manière d’envisager la diversité au sens large, en entreprise.

Quelles sont vos actions pour accélérer la féminisation des métiers de l’industrie?
F. le G. –
Le premier pilier vise à rassembler des femmes et des hommes de l’industrie pour créer un espace d’échange de bonnes pratiques, et faire évoluer le secteur. Nous rassemblons des ambassadrices, dont le rôle est de porter la voix du collectif. Qui mieux que les principales intéressées pour témoigner de la force et de la richesse que représente la diversité dans notre secteur ? Le deuxième pilier repose sur la constitution d’un vivier de « role models », qui partagent leur expérience et interviennent auprès des publics scolaires, du grand public, des professionnels et des médias, pour faire découvrir et promouvoir nos métiers. Ainsi, 3 749 femmes et hommes ont rejoint le groupe LinkedIn IndustriELLES. Le troisième pilier est de proposer du mentorat avec le dispositif UNE jeune UNE industrielle. Pour une jeune femme en début de carrière, c’est l’opportunité d’être orientée, d’avoir des réponses à ses questions et de s’autoriser à oser ces métiers. À ce jour, nous avons constitué, grâce à nos associations partenaires, plus de 1 460 binômes. Enfin, il s’agit de fédérer les organisations et initiatives qui existent sur le sujet, comme Elles bougent, Femmes ingénieures, WorldSkills… C’est en nous mobilisant ensemble que nous arriverons à inspirer les femmes et les générations futures à nous rejoindre.

Quelle est votre vision sur la féminisation des métiers de l’industrie?
F. le G. –
Avec moins de 20 % de femmes dans les écoles d’ingénieurs, les parties prenantes doivent travailler à déconstruire les préjugés. Notre défi est de montrer que travailler dans l’industrie signifie exercer un métier à impact, innover, développer des produits pour un monde plus durable et que nous pouvons toutes et tous contribuer à cette démarche. À titre d’exemple, STMicroelectronics apporte des solutions aux défis sociétaux majeurs que sont la transition énergétique et la transformation numérique. Nous avons environ 50 000 employés dans le monde, dont 35 % de femmes, un peu plus que la moyenne du marché. Mais il ne suffit pas d’embaucher : les entreprises doivent encourager les femmes tout au long de leur carrière. Lancé en 2015, notre programme « Women in Leadership », destiné aux jeunes cadres, vise à préparer la prochaine génération de femmes leaders et a été suivi par 500 femmes à ce jour. Aussi, début 2023, nous avons créé la communauté WISE (Women Inspiring Supporting and Empowering), un espace inclusif où femmes et hommes volontaires se réunissent pour aborder les enjeux liés à la place des femmes dans l’industrie. En externe, il est primordial d’encourager les femmes de l’industrie à se rendre visibles : dans les médias, dans les collectifs et partout où elles peuvent partager leur expérience et, bien sûr, leur expertise.

Propos recueillis par Alexandre Arène

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