L’éclairage, l’avant-garde de la smart city à la française ?

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Alors que de plus en plus de territoires s’engagent dans la transition énergétique, le concept de ville Intelligente se précise. Et au pays des frères Lumière, l’innovation passe d’abord par l’éclairage public… En effet, alors qu’on estime que les nouvelles technologies (LED, smart lighting…) permettraient aux collectivités de réduire jusqu’à 70% leur facture énergétique, plus de 40% de nos luminaires en service ont aujourd’hui plus de 25 ans.

Illuminer nos Smart Cities : un milliard d’euros pour le parc luminaire français ?

Dans le sondage Harris Interactive du 16 octobre 2018, près de 9 Français sur 10 affirment que la transition énergétique constitue un enjeu important pour notre pays. Or, pour l’ancien directeur de l’Ademe, Bruno Lechevin, « la réussite de la transition éclairagiste fait partie de la réussite de la transition énergétique ». Dans cette perspective, l’Association Française de l’éclairage publie une étude pour souligner le vieillissement du parc luminaire français. D’après les chiffres de l’organisation, 80% des installations seraient non conformes aux normes en vigueur, rejetant 4 000 000 de tonnes de CO2 par an inutilement. Et pour cause, l’association estime qu’actuellement 40% des luminaires en service ont plus de 25 ans.

Parallèlement, une étude réalisée par HEC Junior Conseil pour le Syndicat de l’éclairage révélait en 2014, qu’un Français sur cinq considère que sa rue n’est pas assez éclairée…

Afin de répondre à ces multiples enjeux (efficacité énergétique, sécurité…), une conférence était organisée au salon smart city, le 7 novembre 2018, sur le thème de l’éclairage public. Pragmatiques, les participants ont notamment évoqué plusieurs pistes pour que le « smart lighting » contribue à faire baisser la facture énergétique des territoires. Avant tout, le président du Cluster Lumière, Philippe Badaroux, estime « qu’il faut dessiloter les métiers des collectivités territoriales pour faire du smart lighting dans la smart city ».

Mais en plus des enjeux de gouvernance, le président de la Smart Lighting Alliance, Marc Rozemblat, insiste sur la dimension technique des infrastructures. Selon lui, il importe de privilégier « l’inter-connectivité des services », pour préparer le monde de demain… Non obstant, il met aussi en garde contre la tentation de répondre aux différentes interrogations par des solutions exclusivement technologiques, qui occulteraient de la réflexion la dimension des usages, c’est-à-dire les services que pourront rendre concrètement les nouvelles infrastructures (accès internet, vidéosurveillance…). Au demeurant, le 17 mai 2018, l’Association Française de l’éclairage organisait un séminaire afin de dresser un état des lieux sur l’éclairage dans les collectivités. Et selon ses estimations, au cours des 5 prochaines années, des investissements à hauteur de 1 milliard d’euros devront être réalisés pour respecter les normes françaises et européennes.

Les grandes villes françaises visent des économies d’énergie

Le 9 novembre 2018, le maire de Lyon, Gérard Collomb,  soulignait « la dimension écologique » de la manifestation. Dans la capitale des Gaules, traversée par le Rhône, l’aménagement du territoire a toujours été une priorité pour les pouvoirs locaux. Ainsi, de nos jours encore, la direction de l’éclairage urbain réalise des missions variées : gestion du mobilier urbain, des voies publiques et zones piétonnes, mais aussi le suivi du plan lumière, qui consiste à mettre en valeur les sites les plus prestigieux de la ville.
Alors que de nombreuses villes adoptent leur plan climat, la question de l’éclairage va assurément devenir incontournable ! A cet égard, Cédric Lewandowski, président de l’AFE, précise que « Des collectivités locales de toutes tailles ont d’ores et déjà modernisé leur éclairage, avec des installations lumineuses aux performances éprouvées. Et l’AFE s’engage à poursuivre et intensifier ses actions de partage des connaissances et des retours d’expérience dans ce domaine. »

Interrogée par le magazine L’ADN, la directrice générale de Citelum (EDF), Carmen Munoz, explique : « les installations lumineuses d’une ville permettent de réduire de 50 à 70 % sa consommation d’énergie. Bien sûr un projet de réfection de l’éclairage urbain ne se résume pas à remplacer les infrastructures existantes par de la LED. Cependant, si l’installation est bien dimensionnée, on peut atteindre jusqu’à 50 % d’économies d’énergie. Si l’on ajoute à cela de la programmation et de la télégestion, on tutoie les 70 %. Le projet de Dijon métropole par exemple prévoit de réaliser 65 % d’économies d’énergie ».

Qui plus est, l’éclairage est un des rares outils dont les collectivités territoriales soient propriétaires. C’est pourquoi, il importe qu’elles investissent aussi bien dans les ampoules LED que dans le LIFI, avant que les GAFAM ou les BATX s’accaparent aussi ce marché… Seulement en l’état des finances publiques, investir pose souvent problème. Aussi, les Partenariats publics privés (PPP) ont souvent été privilégiés par le passé, car, comme en témoigne le directeur développement financement et collectivités chez Spie, Daniel Boscari, les PPP permettent de « sécuriser et de redimensionner rapidement le réseau ». Enfin, le risque technologique ne doit pas non plus être éludé. Toutefois, la dirigeante de Citelum tempère en évoquant le projet Smart City en Bourgogne : « il faut toujours garder au moins un humain aux commandes pour prévenir les bugs et intervenir en cas de besoin. D’ailleurs je ne connais pas encore une ville qui soit prête à confier son dispositif à un robot ».

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