Vanessa Bisconti-Cateau, directrice du Business Development Electrification ABB France

À la fois responsable du développement des marchés émergents pour ABB (mobilité, Smart Building) et Country Digital Lead en France, Vanessa Bisconti-Cateau vit de l’intérieur la transformation digitale du groupe. Elle nous éclaire sur les actions à mener pour réussir sa transition numérique en se focalisant sur la valeur d’usage, en évitant de tomber dans le gadget.

Comment s’opère la transformation digitale d’un groupe comme ABB ?
Vanessa Bisconti-Cateau – Cette transformation digitale présente deux facettes bien différentes. La première concerne l’interne et consiste principalement à mettre en place de nouveaux outils, CRM (gestion de la relation client) ou nouvelles méthodologies de travail impactées par la digitalisation. Le second aspect, lui, concerne directement nos offres et nos business models. Pour ABB, il s’illustre par le développement d’une nouvelle offre ABB Ability, marque regroupant l’ensemble des solutions digitales du groupe, et qui nous pousse à réinventer nos modèles d’affaires davantage orientés vers l’usage et le service. Une telle transformation nécessite un accompagnement, un fil conducteur et une définition fine des priorités. Pour accompagner nos clients dans cette voie, nous avons ouvert, notamment en Allemagne, un espace « ABB Ability Customer Experience Center ». Ce laboratoire ouvert intègre les solutions connectées d’ABB et accueille clients et collaborateurs pour apporter une réponse concrète à leurs problématiques opérationnelles. Le digital doit s’intégrer par « petites touches » valorisées. Je suis très favorable à la recherche de « Quick wins », au travers de solutions flexibles et à faibles coûts pour effectuer un premier pas vers la digitalisation. Dans un second temps, nous proposons à nos clients les plus motivés un accompagnement au sein de l’un des trois ABB Ability Customer Expérience Centers présents dans le monde. L’objectif : définir avec eux les problématiques qu’ils cherchent à résoudre et les accompagner dans ce cheminement, soit avec des solutions existantes, soit au travers de codéveloppements et projets pilotes. Le digital crée une véritable émulation. L’essentiel est bien d’apporter de la valeur et d’éviter les gadgets.


« Passer de la GTB au Smart Building, c’est apporter des services valorisés pour les différentes strates : investisseurs, exploitants et occupants »


Quelles sont les opportunités offertes par la digitalisation ?
Vanessa Bisconti-Cateau – Prenons par exemple le secteur du bâtiment. En l’espace de quelques années, nous sommes passés de la GTB au Smart Building. Cette transformation est équivalente au passage du téléphone portable au smartphone, pour lequel la fonction d’appel aujourd’hui ne représente plus qu’une fonction parmi d’autres. C’est exactement la même logique dans le Smart Building, où la conduite technique du bâtiment devient un service parmi d’autres. En plus du pilotage du chauffage, de la lumière, des stores, il est désormais possible d’accompagner l’usager via des systèmes de réservation de salles, de géolocalisation… Au-delà des services rendus à l’occupant, la digitalisation représente un véritable levier de différenciation pour les investisseurs et promoteurs immobiliers, pour qui l’occupation des espaces de bureaux est une priorité. Une myriade de labels se sont développés récemment pour certifier les qualités offertes par le bâtiment. Ainsi, ces services valorisés constituent un argument supplémentaire pour les investisseurs et promoteurs de biens immobiliers et permettent d’afficher clairement une valeur intrinsèque des services offerts.

Quel regard portez-vous sur cette transformation ?
Vanessa Bisconti-Cateau – C’est « bouillonnant » ! La digitalisation, dans tous les domaines, permet l’émergence d’idées et de nouveaux services. Le bâtiment ou l’industrie, qui pourraient sembler vieillissants, sont en réalité en plein cœur de cette transformation. Ce qui change un peu – mais pas encore assez –, c’est que ces sujets rassemblaient jusqu’à présent une population plutôt masculine à composante technique forte. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes sont associées à ces projets. C’est la diversité – quelle qu’elle soit, de genre, mais aussi de compétences – qui apporte une solution aboutie et enrichie !

Propos recueillis par Alexandre Arène

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