Antoine de Fleurieu : « La France a eu une activité plus réduite que les autres pays et en particulier que nos voisins européens »

Antoine de Fleurieu

Entre confinement et économie au ralenti, la pandémie de Covid-19 a généré à la fois une crise sanitaire et économique. Antoine de Fleurieu, délégué général du Gimelec, nous explique les principaux impacts de cette crise sur les entreprises françaises de la filière électrique, les leviers pour en sortir dans les meilleures conditions possibles, mais aussi les attentes de la filière vis-à-vis des pouvoirs publics.

Quel était l’objet de l’enquête menée par le Gimelec sur les conséquences du Covid-19 sur les entreprises ?
Antoine de Fleurieu –
Nous avons voulu très tôt dans cette crise mesurer son impact sur l’activité de nos entreprises adhérentes. Nous avons mis en place une enquête hebdomadaire qui a, dès le départ, recueilli les observations d’une part très significative de nos adhérents pour mesurer l’impact de la crise sur leur activité et voir aussi les mesures prises par les entreprises pour lutter contre cette crise ainsi que leurs attentes et propositions, que ce soit vis-à-vis des pouvoirs publics ou d’autres acteurs économiques.

Quels en ont été les principaux enseignements ?
A. de F. –
Nos entreprises adhérentes sont très internationales. Il s’agit soit d’acteurs français exportateurs et très présents à l’étranger, soit de filiales de groupes étrangers. D’autre part, notre filière électronumérique est particulièrement transverse et alimente à peu près tous les secteurs de l’économie. Notre vision est donc très globale sur le marché français, mais aussi sur les autres marchés, européens et mondiaux. À mi-avril, notre principal constat est que la France a eu une activité plus réduite que les autres pays et en particulier que nos voisins européens. La baisse d’activité a donc été ressentie plus fortement en France qu’ailleurs. L’analyse des volumes de commandes, des chiffres d’affaires des différentes entreprises, ou encore des taux de charge des usines nous ont permis de faire ce constat. À mi-avril, le taux d’activité était de l’ordre de 40 % globalement, avec de grandes disparités entre les acteurs. Nous constatons que certains secteurs se sont plus fortement arrêtés en France qu’ailleurs.

Quels secteurs d’activité et entreprises ont été les plus touchés ?
A. de F. –
Le secteur le plus touché mais qui a progressivement donné des signes de reprise à la mi-avril est celui du BTP. Il y a eu dès le départ une forte préoccupation de protection des salariés, avec des exigences qui ne sont pas toujours faciles à prendre en compte sur les chantiers du BTP. Un autre marché, celui des réseaux publics de distribution publique d’électricité, a subi un arrêt assez radical. Cela a pour conséquence une dégradation bien plus importante en France sur ce marché que chez nos voisins. Il faut bien comprendre que tous les acteurs sont interdépendants. Quand une tête de filière cesse trop fort son activité, elle met en danger toute une filière amont qui est pourtant indispensable au bon fonctionnement de nos infrastructures essentielles. Nous avons relevé une injonction contradictoire dans les messages du gouvernement, qui ont été sans doute mal compris ou mal perçus. Il y a d’une part une injonction forte pour le confinement le plus strict possible, et d’autre part une injonction à maintenir tout ce qui peut l’être. À part les activités de manifestation, de restauration, ou de tourisme qui ont purement et simplement été arrêtées, il n’était pas question de stopper toutes les activités en France. Cette double injonction a été mal comprise, d’autant plus que les annonces de confinement par quinze jours font penser que la durée de confinement est courte et donc que l’arrêt est court. L’arrêt n’a pas été court, avec une date de sortie longtemps restée indéterminée, à juste titre. L’enjeu était de maintenir tout le filet d’activité qui pouvait être maintenu, sans quoi on risque de mettre la France par terre. Tous les secteurs ont dégradé leur activité, ce qui est normal, mais dans certains secteurs d’infrastructures essentielles comme les télécoms, les infrastructures du numérique, l’agroalimentaire ou l’industrie pharmaceutique, les taux d’activité sont restés compris entre 50 et 100 %.

Quelles ont été les principales remarques et inquiétudes de vos adhérents interrogés ?
A. de F. –
Nos adhérents nous ont fait part très tôt de leurs inquiétudes, mais aussi de leurs attentes. Parmi les difficultés, le premier sujet de préoccupation a été la protection des salariés. Tout ce qui pouvait être fait en termes organisationnels a été fait par les entreprises. Tous les industriels ont pu réorganiser leurs sites de production ou leurs procédures de maintenance chez les clients pour pouvoir gérer la situation. En revanche, tout le monde s’est retrouvé confronté à la pénurie de masques, qui est un sujet dont nous ne maîtrisons pas l’impact sanitaire. Cependant, il y a un impact psychologique fort. Il est difficilement envisageable dans certaines activités de ne pas pouvoir fournir de masques aux salariés. Nos entreprises ont été réquisitionnées, comme toutes, pour fournir le monde médical puis la pénurie s’est progressivement résorbée. Dès la mi-avril, les approvisionnements du monde médical se sont fluidifiés, ce qui a réduit la pression sur les entreprises qui ont pu reconstituer des stocks en se fournissant elles-mêmes sur le marché. La protection des salariés est une question centrale. Certains acteurs très responsables, je pense à l’UIMM, la CFE-CGC, la CFDT et FO, ont négocié ensemble et établi des conditions générales de maintien d’activité et des recommandations en la matière. Donc finalement, nos entreprises sont parvenues à fonctionner. Pour ce qui est des attentes, il s’agissait pour la plupart d’un souhait de clarification du discours gouvernemental sur ce qui devait être maintenu comme activités, sans nuire au confinement. Nos acteurs ont eu le sentiment que le gouvernement a manqué de clarté sur celles qui pouvaient être maintenues. Ce discours est évidemment compliqué à tenir, en période de confinement. Nous avons le sentiment que ça n’a pas été fait avec suffisamment de clarté. Par ailleurs, il aurait fallu dès le départ bien montrer la durée de la crise pour faire comprendre à tous que le maintien de l’activité est indispensable. Même la sortie de crise sera longue et compliquée et nous n’en connaissons pas encore bien les conséquences. Enfin, une autre attente de la filière est celle de la prise de responsabilité des têtes de filières, en particulier lorsqu’il s’agit de la commande publique ou d’acteurs régulés en situation de monopole. Ces acteurs ont une responsabilité forte sur leur filière amont. De leur activité dépend toute une filière qui, si elle était détruite partiellement pendant la crise, ne pourrait plus répondre aux attentes futures.

‘‘ C’est dans ces temps de crise que le collectif retrouve toute sa valeur. ’’

Comment cette crise va-t-elle impacter le chiffre d’affaires des entreprises adhérentes interrogées ?
A. de F. –
Nous ne le savons pas précisément, mais nous pouvons imaginer que cette crise aura certainement un impact très significatif. Comme pour le niveau d’activité évoqué précédemment, les niveaux d’activité ont été très variables selon les marchés. Il est encore trop tôt pour tirer un bilan définitif.

Comment le Gimelec a-t-il aidé ses adhérents à faire face à cette crise sans précédent ?
A. de F. –
C’est dans ces temps de crise que le collectif retrouve toute sa valeur. Nous souhaitons pendant cette période sortir les dirigeants de leur isolement et leur donner les clés de lecture pour comprendre la situation et les aider à partager leurs bonnes pratiques. Nous avons maintenu la plupart de nos réunions ainsi que celles de notre conseil d’administration qui se réunit chaque semaine. À la suite de ces réunions hebdomadaires, nous publions un communiqué le jour même pour permettre à nos adhérents de suivre en temps réel l’avancement de nos travaux. De plus, nous diffusons une newsletter d’information quotidienne ainsi que des informations sur la gestion sanitaire de la crise et une veille sur l’intelligence économique en France, en Europe et dans le monde. Le Gimelec est donc parvenu à maintenir ses activités pendant la crise, malgré un report de certains sujets moins urgents.

Quels ont été les principaux impacts du Covid-19 sur l’avancée des projets dans le secteur du bâtiment ?
A. de F. –
Comme nous l’avons évoqué, le marché du BTP a subi un arrêt soudain, ce qui a occasionné des crispations entre les pouvoirs publics et les acteurs du BTP. Finalement, tous les acteurs se sont mis autour de la table pour réaliser un guide des bonnes pratiques afin d’encourager une reprise partielle et progressive dans les meilleures conditions sanitaires possibles. Mais nous déplorons tout de même que certaines initiatives n’aient pas été envisagées. Nous avons suggéré par exemple, en cette période de baisse d’activité, le maintien de certains chantiers techniques. Certains établissements, comme les écoles ou les lycées notamment, ont été vidés de leur public, ce qui rendait des chantiers plus aisément réalisables qu’à l’habitude. Malheureusement, en raison de la fermeture des écoles et du manque d’autorisations, ces chantiers ne sont pas réalisés. Autre exemple, dans l’industrie, où certains industriels ont anticipé des actions de maintenance. Le confinement est le moment idéal pour réaliser ces travaux de maintenance. Cela aurait permis à ces industries d’être totalement opérationnelles au moment de la reprise.

Comment allez-vous aider vos adhérents à sortir de la crise ?
A. de F. –
Au Gimelec, nous percevons via nos enquêtes hebdomadaires les attentes de nos adhérents pour la reprise. Dans l’immense majorité des cas, nous sommes persuadés qu’il n’y aura pas d’effet rebond de l’activité, mais au contraire une reprise très progressive. Nous avons tous compris qu’il serait difficile de lutter contre le virus et que la sortie de crise sera compliquée, avec une éventuelle deuxième vague déjà observée dans certains pays puis une troisième vague à venir. Il est donc essentiel de s’assurer que les conditions sanitaires seront satisfaisantes pour éviter une recrudescence de la pandémie. Le gouvernement doit donc clarifier ses intentions pour la sortie de crise. Du point de vue des entreprises, nous avons besoin en France d’une politique de dépistage bien plus ambitieuse. Sans ces moyens, la reprise pourra être impactée. Autre point, la question du port du masque devra être abordée sérieusement, avec des obligations à la clé pour certains secteurs d’activité. Enfin, pour les petites entreprises, il sera essentiel que l’État assume ses engagements en termes d’accompagnement. Nous avons pour notre part mis en place dès le début de la crise un accompagnement de nos adhérents avec un cabinet d’avocats partenaire, afin de les aider dans leur gestion administrative.

Avant cet arrêt de l’économie, les entreprises de la filière électronumérique et plus généralement les entreprises du bâtiment et de la construction connaissaient une période faste. À quel rythme l’activité reprendra-t-elle selon vous ?
A. de F. –
Il est vrai que depuis deux-trois ans, l’activité a retrouvé un rythme soutenu après la traversée du désert ayant suivi la crise financière de 2008. Nous ne savons pas encore de quelle manière et à quel rythme l’activité de notre secteur va reprendre. Pour l’heure, nous devons assurément nous préparer à une récession pour l’année 2020. Nos entreprises couvrent des segments liés à la digitalisation, l’automatisation et la performance énergétique, qui sont des marchés très porteurs. Notre inquiétude est donc de court terme et nous n’avons pas d’inquiétudes particulières pour les années qui suivront. Mais tant que la menace sanitaire dure, il est difficile de tabler sur un redémarrage de l’activité.

De quelle manière la filière électronumérique compte-t-elle s’organiser dans les mois à venir ?
A. de F. –
Nous sommes déjà dans l’après, avec pour objectif actuel de maintenir ce qui peut être maintenu. Je tiens tout de même à rappeler l’alerte que nous avons formulée à la mi-avril sur l’arrêt bien plus marqué qu’a connu la France par rapport à nos voisins européens, car plus le fossé se creuse, plus ce sera difficile de repartir.

Selon vous, quelles ont été les raisons de cet arrêt plus marqué dans l’Hexagone qu’ailleurs en Europe ?
A. de F. –
L’Allemagne a conservé un niveau d’activité très au-dessus du nôtre, notamment parce que le pays a été moins touché par la pandémie que la France. Cependant, en Italie et en Espagne, le niveau d’activité est resté plus soutenu qu’en France alors même que ces pays ont davantage subi la pandémie. L’Allemagne a sans doute conservé un niveau d’activité suffisant pour continuer de faire fonctionner de manière optimale ses infrastructures. D’autre part, l’organisation fédérale du pays occasionne davantage de fragmentation et les acteurs sont la plupart du temps plus petits et plus agiles. En Italie et en Espagne, les structures et l’organisation sont plus semblables à celles de la France, mais ces pays ont rapidement compris l’importance stratégique de certains secteurs d’activité et les pouvoirs publics sont plus au fait de la composition et des exigences de leur tissu industriel. En tout état de cause, le centralisme français n’est très certainement pas un facteur aidant. Pour l’heure, le conseil scientifique du président de la République prévoit un déconfinement par zone, ce qui est compliqué dans un pays comme la France, où toutes les décisions se prennent depuis Paris, qui sera certainement parmi les dernières zones de déconfinement. Il faut savoir agir localement. Les gros acteurs français sont également des acteurs locaux et chacune de leurs usines et chacun de leurs bureaux est l’équivalent de PME ou d’ETI locales. Quand ces gros acteurs arrêtent leurs activités sur l’ensemble du territoire, ils ont un fort impact. Si, par exemple, une entreprise comme La Poste était découpée en 100 entités, chacune des entités serait plus simple à gérer localement et plus agile qu’une entité nationale unique.

Quel message souhaitez-vous faire passer à vos entreprises adhérentes ?
A. de F. –
Pour rassurer nos entreprises, il faut pouvoir les éclairer et c’est ce que nous faisons au quotidien. Notre message est un hommage appuyé à leurs efforts. Nous sommes en contact très étroit avec elles. Le dernier exemple en date est celui d’une entreprise dont le lot de masques a été retenu par les douanes françaises. Après notre intervention auprès des pouvoirs publics, les masques ont finalement pu être livrés et l’activité de cette entreprise a pu reprendre. D’autre part, notre message quotidien au gouvernement est que nous sommes une filière essentielle, comme d’autres, et qu’aucun OIV ne fonctionne sans nos technologies ou services. Nos entreprises interviennent dans des domaines aussi divers que les hôpitaux, les réseaux électriques, la gestion de l’eau, les datacenters, l’industrie pharmaceutique ou l’agroalimentaire par exemple. Notre rôle est d’essayer de faire comprendre aux pouvoirs publics la profondeur de notre chaîne de valeur et nous souhaitons que notre filière soit considérée à son juste niveau. À l’avenir, les pouvoirs publics devront comprendre l’importance de notre filière pour conserver l’outil industriel en France. Car si les usines sont à l’arrêt en France et pas dans d’autres pays, cela risque d’encourager les entreprises à délocaliser. Les aides de l’État, nécessaires, ne doivent pas inciter à un arrêt total de l’activité économique. En France, nous sommes dans une situation d’État-providence, très appréciée par une majorité de Français. Mais la providence ne tombe pas du ciel et il faut, pour que ce système perdure, générer de la richesse.

’’ La science et les technologies associées sont indispensables pour relever les défis de cette crise et ceux du changement climatique. ’’

Quels seront les impacts de cette crise sur le développement des technologies du bâtiment ?
A. de F. –
Nos fondamentaux sont inchangés et la crise que nous traversons renforce nos convictions. La science et les technologies associées sont indispensables pour relever les défis de cette crise et ceux du changement climatique. De plus, le lien social et professionnel est maintenu dans cette période grâce aux outils numériques à notre disposition. L’une des leçons que nous pouvons collectivement tirer de cette crise est que la science et les technologies sont essentielles. Aujourd’hui, nous assistons à une foule de débats sur le jour d’après. Selon nous, les enjeux du jour d’après seront les mêmes que ceux que nous connaissons depuis des années, comme le climat, la protection des ressources, le lien social… Ce qui est nouveau est la prise de conscience que nos technologies se trouvent au cœur de ces enjeux. L’objectif de notre filière électronumérique est l’optimisation de toutes les consommations de ressources à l’échelle la plus fine. L’autre façon de faire est la décroissance, qui est une vision de personnes éclairées vivant dans les pays riches, mais qui n’est à nos yeux pas réalisable. L’humain a toute sa place avec ces technologies. Le numérique est critiqué quant à ses consommations d’énergie, mais grâce au numérique, nos consommations sont bien plus faibles que tous les gains que nous obtenons. Les technologies sont neutres et peuvent être potentiellement bénéfiques ou désastreuses selon l’usage qui en est fait par l’homme. Grâce à nos technologies, nous optimisons les usages pour atteindre, grâce au numérique notamment, un facteur 2 à 3 en termes d’efficience. Depuis la création de l’industrie, les infrastructures ont été dimensionnées pour pouvoir répondre à l’appel de puissance maximal. Un réseau doit pouvoir gérer la pointe, comme une autoroute doit pouvoir supporter la circulation du 15 août. Dans le monde de demain, l’objectif ne sera plus de se dimensionner en fonction des pointes, mais de dimensionner les infrastructures au plus près des besoins quotidiens en optimisant les usages pour pouvoir lisser les périodes pleines sans encombre.

Le sujet du numérique au sein des bâtiments et des usages permis par les bâtiments intelligents vont-ils connaître un coup d’arrêt, selon vous ?
A. de F. –
Comme je l’ai évoqué tout à l’heure, l’un des secteurs qui a subi le plus gros coup de frein est le BTP. Les budgets alloués par les entreprises à la recherche et développement sont indexés sur leur chiffre d’affaires. Nous pouvons donc en déduire que ces budgets réduiront fortement. Nul ne peut vraiment prévoir comment ces technologies vont se développer après la crise, mais elles sont déjà matures et la seule question qui se pose aujourd’hui est celle de leur intégration. Plus globalement, des pays asiatiques comme la Chine, la Corée du Sud ou Singapour utilisent beaucoup plus que nous les technologies pour lutter contre cette crise. Il existe un important décalage technologique entre l’Asie et l’Europe. L’exemple de l’intelligence artificielle (IA) est intéressant. L’IA est possible car nous savons aujourd’hui gérer des masses de données en temps réel. La problématique n’est plus de faire du data scientisme mais de décider ce que l’on veut faire réellement de ces données. La technologie n’a pas de sens en elle-même. Elle a uniquement le sens que nous lui donnons.

Quel est votre sentiment sur la résilience de vos entreprises adhérentes et du marché français face à cette crise ?
A. de F. –
Au sein du Gimelec, nous comptons environ un tiers de grands groupes, un tiers d’ETI et un tiers de PME. Les grands groupes ont des positions fortes et n’ont pas de fragilités particulières. Il y aura bien un impact, mais aucune inquiétude à terme. Les ETI de leur côté ont les reins solides et elles repartiront sans aucun doute. C’est du côté des PME que la question se pose davantage et les cas seront très variables. Cela dépendra de leur santé et de la fiabilité des outils d’accompagnement mis en place par l’État. Mais encore une fois, être résilient tout seul de son côté ne suffit pas et c’est aux têtes de filières de créer les conditions pour améliorer la résilience globale. Il y va de la pérennité de notre tissu industriel.

Quels enseignements en tirer ?
A. de F. –
Pour l’instant, la principale leçon est celle de la nécessaire concertation des pouvoirs publics et des filières industrielles. L’État doit s’appuyer pour cela sur les grandes organisations professionnelles, dont le Gimelec, et pas uniquement sur les comités de filières du Conseil national de l’industrie, qui ne représentent qu’imparfaitement la réalité industrielle de notre pays. La communication est essentielle en temps de crise et peut soit l’aggraver, soit l’atténuer. L’incitation à maintenir en période de confinement toutes les activités susceptibles d’être maintenues est essentielle. Une autre leçon est que certains acteurs ne jouent pas suffisamment leur rôle de tête de filière, ce qui crée des difficultés et déstabilise tous les acteurs à l’amont de ces filières. Nous saluons cependant les efforts de l’État et l’ensemble des mesures d’accompagnement des entreprises mises en place très tôt. Nous jugerons plus tard si toutes les promesses sont tenues, avec des dispositifs simples et efficaces. Personne n’est jamais préparé à une crise inédite comme celle que nous vivons, mais il faut tout de même apprendre à mieux anticiper. Enfin, cette crise doit également nous apprendre une leçon au niveau européen : quel est le rôle de l’Europe ? Nous croyons à l’Europe, mais dans ces périodes difficiles, la construction européenne sera forcément critiquée. L’Europe doit répondre, car sans elle la France perdra beaucoup.

Propos recueillis par Alexandre Arène

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