DCIM, des outils logiciels pour l’optimisation énergétique des datacenters

Contrôle continu des équipements critiques avec Vertiv Life Services. © Vertiv

Avec l’augmentation brutale et importante du coût de l’énergie et des risques pesant sur sa disponibilité, les solutions logiciels de gestion des infrastructures des datacenters sont toujours plus indispensables. S’ajoutent à ces problèmes d’énergie les besoins de surveillance de sécurité environnementale, d’une bonne gestion des capacités des installations techniques ou encore la question de la cybersécurité. Ces solutions de DCIM (Data Center Infrastructure Management) doivent donc s’adapter, rester simples à mettre en œuvre et à utiliser, pour des centres de données qui vont du petit centre de Edge Computing au très grand datacenter de colocation.

Les informations des solutions DCIM peuvent être suivies à distance. © Schneider Electric

Les solutions DCIM qui, depuis une dizaine d’années, se sont pratiquement généralisées à tous les centres de données avec des outils plus ou moins élaborés, couvrent plusieurs fonctions : mesurer, gérer et contrôler les consommations d’énergie ou d’eau pour le refroidissement de tous les équipements informatiques, mais aussi de tous les équipements de l’infrastructure d’un site et en particulier ceux assurant l’alimentation sécurisée (onduleurs, batteries, groupes électrogènes) et le refroidissement.

Mais ce DCIM doit aussi permettre de gérer les capacités, les actifs, leur utilisation optimale et cela, pour un environnement informatique qui peut comprendre des systèmes centralisés ou répartis en périphérie (Edge), avec des équipements et processus différents ou des matériels provenant de plusieurs fournisseurs. À cela s’ajoutent les problèmes de sécurité pour protéger ces installations sensibles, voire stratégiques contre les cyberattaques ; une question que les solutions DCIM devront prendre en compte.

Les solutions DCIM doivent se développer pour prendre en compte l’évolution des datacenters et de leur gestion
Le coût de l’énergie, la complexité et la criticité de toutes les infrastructures, mais aussi leur évolution rapide pour intégrer de nouveaux équipements, ainsi que l’augmentation de la densité de puissance des installations, nécessitent de nouveaux outils pour rester compétitifs.

Plus de puissance dans les baies va entraîner plus de chaleur à évacuer et des coûts de refroidissement (qui peuvent représenter plus de 50 % des coûts d’exploitation) en forte hausse et une exploitation du datacenter moins durable. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) de l’entreprise ; des critères importants dans la démarche RSE.

Le DCIM traditionnel fournit aux utilisateurs une solution locale de surveillance, de planification et de modélisation qui aide les administrateurs à gérer les modifications, la capacité et les ressources tout en atténuant les risques et en évitant tout temps d’arrêt, envoie des alertes à un tableau de bord afin que les administrateurs puissent résoudre un problème et fournit des données sur la consommation d’énergie, les températures, l’humidité et la sécurité.

De nouvelles solutions, dites DCIM de nouvelle génération, se développent pour répondre à ces nouveaux enjeux
Avec le développement du nombre de capteurs et d’appareils de mesure et de l’internet des objets (IoT), les quantités de données à traiter ont explosé et il est devenu plus difficile d’utiliser certains logiciels de DCIM, que des exploitants de datacenters trouvent alors trop complexes à utiliser, voire peu utiles.

De nouvelles solutions DCIM basées sur des technologies cloud et mobiles se développent pour apporter de nouveaux services aux exploitants, plus de sécurité, de réactivité et plus de durabilité.

Pour Charlotte Arroyo, Software Sales Manager France Secure Power de Schneider Electric, les avantages d’une solution basée sur le cloud sont nombreux : « Elle permet un déploiement simple, rapide et évolutif, avec des mises à jour automatiques et une maintenance du système d’exploitationpar l’éditeur et utilise une interface web unique et moderne. Elle permet des analyses prédictives et prescriptives sur les performances des actifs (onduleurs, batteries, groupes électrogènes, équipements de refroidissement et de distribution électrique…). L’intelligence artificielle (IA) se met au service de la performance. La sécurité est assurée par une authentification sécurisée multifacteurs et une cybersécurité à jour. Celle-ci est gérée par Schneider Electric avec un support international. Et il n’y a pas de problème de stockage dans le cloud. »

Une solution comme EcoStruxure IT Advisor permet de contrôler les datacenters en colocation. © Schneider Electric

L’offre EcoStruxure IT de Schneider Electric se développe ainsi avec de nouvelles fonctionnalités pour tous les types de datacenters. EcoStruxure IT Expert va permettre d’avoir un contrôle à tout moment des équipements critiques d’alimentation ou de refroidissement et de pouvoir gérer à distance tous les actifs pour identifier rapidement les appareils défaillants ou vulnérables et prendre les mesures pour résoudre le problème. Les tableaux de bord, dans IT Expert, sont personnalisables pour afficher les informations les plus importantes.

EcoStruxure Advisor va fournir les informations sur les infrastructures et les actifs pour leur gestion et leur optimisation : déplacer, ajouter, modifier ou retirer des équipements informatiques pour une gestion précise de l’espace, de l’alimentation ou du refroidissement. Charlotte Arroyo souligne que « IT Advisor dispose d’un module “Efficacité énergétique” qui permet d’afficher la valeur actuelle du PUE, sa valeur historique, d’identifier les pertes d’efficacité et les émissions de CO2 et d’intégrer des données multifournisseurs ».

Ces deux solutions sont complétées par EcoStruxure IT Custom Solutions qui propose des solutions personnalisées, adaptées aux besoins de chaque site : rapports et tableaux de bord personnalisés et intégration d’autres logiciels pertinents du client ou des fonctionnalités web spécifiques.

Pour Charlotte Arroyo, il s’agit du passage à un DCIM 3.0 : « L’environnement informatique hybride tentaculaire met au défi les organisations de DSI même les plus sophistiquées de maintenir la résilience, la sécurité et la durabilité de leurs systèmes informatiques. C’est la tendance que nous appelons DCIM 3.0. Et c’est pourquoi nous avons modernisé notre portefeuille de logiciels EcoStruxure IT pour la surveillance, la gestion, la planification et la modélisation de l’infrastructure physique informatique, avec des options de déploiement flexibles qui incluent des solutions sur site et basées sur le cloud pour prendre en charge les environnements informatiques distribués de quelques sites à des milliers de sites dans le monde. »

Visualisation des capacités d’un étage de datacenter. © ABB

La solution d’ABB, ABB Ability™ Data Center Automation fournit le contrôle, la surveillance et l’optimisation des infrastructures critiques, avec des capacités mécaniques (BMS), électriques (EPMS) et DCIM dans une solution industrielle unique. Selon ABB, « il est plus qu’un système DCIM et aide à automatiser et à gérer en toute sécurité le flux de travail et l’infrastructure physique, ce qui permet d’optimiser en permanence les opérations d’un centre de données aux plus hauts niveaux de performance. Il fournit des outils de qualité industrielle pour aider à gérer un réseau flexible d’alimentation, de refroidissement et d’informatique.

Suivi des consommations et prix d’énergie. © ABB

Plus qu’un système de gestion de bâtiment (BMS) ou un système d’automatisation de bâtiment (BAS) traditionnel, ABB Ability™ Data Center Automation fournit la visibilité, l’aide à la décision et les technologies d’automatisation sur une plateforme ouverte prenant en charge des communications bidirectionnelles sécurisées avec des systèmes mécaniques, électriques et informatiques. Les données sont acheminées à travers le système en temps réel vers des modules d’application qui permettent de gérer et d’optimiser de manière exhaustive les 3 C : coût, capacité et contrôle. L’exploitant peut désormais maîtriser les coûts, mieux gérer la capacité de son centre de données et de ses actifs, et automatiser le flux de travail et l’infrastructure pour améliorer l’efficacité au plus haut niveau ».

Visualisation 3D des équipements d’un datacenter avec VCOM, d’Eaton. © Eaton

Eaton a développé sa suite logicielle VCOM que présente François Debray, chef produit onduleurs & solutions associées, responsable marketing datacenter d’Eaton France : « Dans le cadre du programme Brightlayer, Eaton propose sa suite logicielle VCOM (Visual Capacity Optimization Manager). Aussi appelée DCIM (Data Center Infrastructure Management), cette solution est une offre de supervision intuitive et complète qui fournit toutes les données de l’infrastructure d’un datacenter, aussi bien électrique qu’informatique.

Suivi des consommations de racks avec VCOM, d’Eaton. © Eaton

Cette plateforme en HTML5 permet de réduire les coûts opérationnels (OPEX) des datacenters, d’en améliorer la fiabilité et de limiter les risques à travers une analyse pertinente des données. Destinée à la surveillance et à la gestion des datacenters, la solution logicielle VCOM offre des informations et des outils de contrôle permettant de gagner du temps, de l’argent et de réduire les risques. Elle va permettre de :
• visualiser des rendus 3D à tous les niveaux du datacenter et de l’entreprise (alimentation, espace, environnement, réseau informatique, virtualisation) et identifier les problèmes pour une grande variété d’actifs informatiques, notamment les serveurs physiques, les VM hosts, les VM guests, les commutateurs, les PDU, les onduleurs et les dispositifs pour grandes installations (groupe électrogène, etc.) ; 
• centraliser le référentiel de données des appareils et utiliser le suivi illimité des attributs pour faciliter la gestion des sites distribués ;
• examiner les rapports multiniveaux, les tableaux de bord basés sur les rôles, le suivi des indicateurs clés de performance, les tendances et les analyses prédictives ;
• exécuter des scénarios de simulation pour comprendre l’utilisation actuelle et s’assurer de disposer de la capacité nécessaire pour les projets à venir ;
• créer des profils d’imagerie thermique de l’environnement en temps réel à l’aide des données de température, d’humidité, de détection des fuites, de fermeture des portes et de pression atmosphérique ;
• améliorer la vitesse, la recherche, la sécurité et la fonctionnalité globale avec la nouvelle interface web HTML5 pour une expérience mobile et de bureau conviviale ;
• réduire le temps de déploiement et augmenter la précision de la mise en œuvre grâce à la capacité intégrée et native de générer des projets, des tâches et des commandes ;
• prendre en charge plus d’un type de client/utilisateur en fournissant des données bien distinctes, propres à chaque locataire. »

Optimiser le niveau d’utilisation des équipements
Une façon de réduire les émissions carbone est d’utiliser moins d’énergie, et cela peut se faire notamment par l’augmentation du taux d’utilisation ou par une gestion plus intelligente des équipements.

Affichage des alertes d’environnement des installations critiques sur Environet Alert, de Vertiv. © Vertiv

Une solution, pour Séverine Hanauer, directrice segments stratégiques Telco & déploiement Edge, Europe du Sud chez Vertiv, consiste en « l’identification et la mise hors service de serveurs inutilisés, la consolidation de serveurs peu utilisés et l’utilisation de fonctions de gestion d’alimentation des serveurs ; autant de moyens d’optimiser l’utilisation de l’IT. Les dernières technologies d’infrastructure modulaires peuvent contribuer à garantir un dimensionnement des systèmes en fonction des exigences à un instant donné tout en conservant la flexibilité nécessaire pour adapter immédiatement leur capacité selon l’évolution de la demande. Les nouvelles architectures de systèmes d’alimentation redondants permettent par exemple aux ASI d’atteindre des niveaux d’utilisation plus optimisés que par le passé ».

Des solutions DCIM qui bénéficient des apports de l’IA
L’intégration de fonctions d’intelligence artificielle dans ces solutions DCIM va apporter de nombreux bénéfices :
• une optimisation du refroidissement pour réduire la facture énergétique ;
• une meilleure conformité aux normes de l’ASHRAE qui recommande d’augmenter les températures dans les salles avec une optimisation du fonctionnement des circuits de refroidissement, une détection et une correction des anomalies.

Cette utilisation de l’IA est donc particulièrement importante pour les systèmes de refroidissement, gros consommateurs d’énergie, mais peut aussi être avantageuse dans le domaine de l’alimentation sécurisée (surveillance des onduleurs et des batteries).

Comme l’explique Séverine Hanauer, « l’IA n’apporte pas seulement des avantages à la gestion énergétique des datacenters. En traitant de grands volumes de données en temps réel, elle permet de détecter les défaillances, de prédire les pannes et de faciliter les interventions techniques. Cela en fait un élément clé pour garantir la continuité opérationnelle de l’infrastructure.

L’IA peut être un outil puissant pour accomplir une maintenance prédictive basée sur l’analyse des données et pour détecter les problèmes potentiels des équipements avant même qu’ils ne présentent un défaut. Cette capacité de prédiction permet souvent de réduire le temps d’indisponibilité du datacenter.

Dans l’infrastructure électrique, les services prédictifs peuvent aider à générer une évaluation de l’équipement et à identifier la corrélation entre des événements isolés qui pourraient générer une panne. En outre, ils peuvent surveiller le cycle de vie de l’équipement et prévoir les changements nécessaires à apporter pour que la charge critique ne soit pas impactée.

Le système de surveillance à distance Vertiv LIFE Services s’appuie sur l’IA et le machine learning pour fournir une visibilité, une analyse et un diagnostic en temps réel des services critiques et pour une évaluation préventive constante du réseau.

La surveillance fonctionne 24 h/24 et 7 j/7 et est connectée à un centre d’intervention à distance. Dès la détection d’une défaillance, l’outil LIFE Services envoie automatiquement un ensemble d’informations à l’équipe d’experts pour l’aider à diagnostiquer le problème et, si nécessaire, affecter le technicien le plus proche pour rétablir le fonctionnement normal ».

DCIM et cybersécurité
L’intégration de la technologie opérationnelle (OT) aux technologies de l’information (IT) avec l’utilisation accrue de l’IoT expose les datacenters aux cyberrisques. Des données de Schneider Electric indiquent que 70 % des appareils sont vulnérables en raison d’une configuration ou d’un microprogramme obsolète. Il est important que les solutions DCIM intègrent des fonctionnalités capables d’aider les professionnels de l’informatique à identifier les vulnérabilités des appareils informatiques dans les datacenters ou en périphérie du réseau, et à les résoudre grâce à une gestion et des mises à jour appropriées.

Jean-Paul Beaudet

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